Par Ourdy DESSOURCES / 16 novembre 2022
Après avoir rompu avec la dictature des Duvalier en 1986, la nation haïtienne entend instaurer un régime démocratique. Lequel régime politique vise à favoriser la participation des citoyens dans le choix de leurs dirigeants, permet aussi aux haïtiens de se disposer d'eux-mêmes, comme il est stipulé dans le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme votée en 1948.
L'acte participatif par excellence est le vote. Les citoyens ont donc la possibilité de choisir librement leurs représentants à travers des élections à intervalles réguliers. C'est l'abécédaire d'un régime politique qui se veut démocratique. Toutefois, on peut constater que "voter" n'est quasiment le seul droit laissé au citoyen haïtien.
En empruntant la voie de la démocratie représentative avec un régime semi-présidentiel, semi-parlementaire, Haïti a fait le choix de la théorie des trois pouvoirs élaborée par Montesquieu dans son classique "L'Esprit des lois". La charpente d'un État est structurée autour de trois pouvoirs qui sont :
- le pouvoir Législatif qui, dévolu aux assemblées représentatives, contrôle l'action gouvernementale et édicte des lois pour un fonctionnement harmonieux de la société ;
- le pouvoir Exécutif, assuré par le gouvernement nommé par le président de la république, qui exécute les lois ;
- le pouvoir Judiciaire qui rend la justice.
Aujourd'hui en 2022, aucun des trois pouvoirs de l'État ne fonctionne à plein régime. L'Exécutif est dirigé par un Premier Ministre dont le mandat arrive à terme depuis [au moins] neuf mois. Le Législatif, normalement constitué de la chambre des députés et du Sénat, ne compte que dix sénateurs qui ne font que profiter des privilèges et du luxe que leur offre leur statut de parlementaire. Comme les deux autres pouvoirs, le Judiciaire n'existe que de nom. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) qui est la plus haute instance du pouvoir judiciaire est paralysé. Cet état de fait ne date pas d'hier et rien ne laisse présager un dénouement proche à la crise chronique que connaît le pays.
Le constat est accablant. En Haïti, seule la crise n'est pas en crise, comme le répète souvent le professeur Yves Dorestal. Tous les secteurs d'activités sont en état d'hibernation. Le pays est en train d'être littéralement asphyxié.
L'économie est en chute libre. La réouverture des classes n'a toujours pas lieu. Les activités culturelles, le sport, les loisirs..., plus rien ne va. Par contre, les gangs sont de plus en plus puissants. Nos vies ne tiennent qu'à un fil.
Au moment où l'on parle, Ariel Henry, ce premier ministre de facto, sans mandat, sans titre ni qualité est seul dans le cockpit d'un avion avec plus de 11 millions d'âmes humaines à bord.
En ce sens, le crash est inéluctable.
Henry est à ce jour à la fois Son Excellence Monsieur le Président de la république, le Premier Ministre, le chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale d'Haïti (SCPN), le Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) malgré qu'il soit à vingt mille lieues de la réalité du pays.
Quand on prétend tout contrôler, on ne contrôle rien évidemment.
Ourdy DESSOURCES
odessources@yahoo.com
16 novembre 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire