14 mai 2017

Portrait de Argentine Bellegarde-Foureau

Argentine Bellegarde-Foureau (1842-1901)

La nomination, dans le cadre de la politique de réorganisation des lycées et écoles publics initiée par le gouvernement Salomon, d'Argentine Bellegarde-Foureau, à la direction du Pensionnat national des demoiselles en 1880, voit s'inaugurer en Haïti une ère nouvelle d'intérêt et de «bonne formation» visant les jeunes filles de milieux modestes et populaires.
Née à l'Arcahaie le 2 août 1842, Argentine Bellegarde se retrouve très tôt, à Port-au-Prince, élève brillante à l'Institution de Mme Isidore Boisrond où, se laissant déjà aller à «ses précoces dispositions pour l'enseignement, elle servait de monitrice à ses camarades des divisions inférieures». Verra-t-elle dans la prise en charge du Pensionnat national des demoiselles le terrain tant attendu pour se mettre au service des intérêts du peuple? Cette jeune femme dont l'intégrité et l'honnêteté, lors de la lutte déchaînée qui opposera le Parti libéral et le Parti national par exemple, ne manqueront pas de se révolter contre l'abus fait à un peuple à qui «pour détourner sa colère de ses ennemis véritables», on n'hésite pas à servir en manteau rouge le plat du préjugé de couleur, n'aura alors de cesse de travailler au relèvement du niveau moral de ses élèves, s'assurant de ce que chaque future mère de famille formée soit «un progrès accompli dans le sens de l'émancipation populaire».
Pour la pleine réussite de cette action, Argentine Bellegarde se mettra à la tâche honorable de réunir dans l'association, Union et Charité, les anciennes élèves du Pensionnat et d'autres institutions similaires qui se verront l'obligation d'«établir des habitudes de bonne camaraderie et la plus fraternelle amitié entre ses membres, constituer une caisse de réserve destinée à secourir les plus infortunées ou à faire leurs frais de trousseaux de mariage» mais à qui incombera également l'ingrate tâche policière de «ramener dans les voies de l'honneur celles qui s'en étaient écartées». (cf: Texte des statuts de l'association).
Si cette militante convaincue et passionnée de l'Éducation populaire, imprégnée par surcroît de l'idée d'équivalence des sexes réunissait les éléments de base et les qualités indispensables d'un échange fructueux et salutaire avec ses élèves, par contre, vouée aux valeurs morales et culturelles de son époque, elle mettra toute la volonté qui également semble avoir été l'un de ses traits, à s'acharner à les remodeler et malheureusement à leur inculquer sinon un rejet, du moins, un certain dédain de leur milieu.
Sur son habitation de Duvivier où, avec ses seules ressources, elle fondera une école dans le but d'étendre son action «à la transformation morale et sociale des masses rurales (que) les croyances et pratiques religieuses (maintenaient) encore dans un état honteux de misère matérielle et d'infirmité morale», elle ne laissera de rester sourde à ces accents propres et pathétiques d'un terroir et, quoique avec des procédés bien plus doux, se posera sans le savoir, en précurseur de la persécution culturelle qui, dans les années 40, verra son apogée dans la célèbre campagne «Rejete». «Chaque nuit, la brise lui apportait l'écho des tambours et les voix animées des chanteuses, et elle se représentait par l'imagination les danses orgiaques où ces laboureurs perdaient la vigueur de leur corps et leur ardeur au travail. Sans rien dire, elle fit bâtir une tonnelle, appela un «violonier», un accordéoniste, un joueur de basse et la meilleure reine chanterelle du voisinage. Et les bals commencèrent. Peu à peu, les hommes désertèrent les danses plus ou moins vaudouesques, le violon avait détroné le tambour conique, et la chanson paysanne , enrichie dans son rythme et dans ses thèmes, put se déployer avec plus d'aisance.»
Une «travailleuse de la terre» assidue, aura été également, toute sa vie, nous rapporte Dantès Bellegarde, cette grande éducatrice, passionnée des arbres et des champs dont elle prenait personnellement soin. Défendant, la première, l'idée que le cocotier pourrait devenir l'une des grandes cultures d'exportation du pays, elle fit établir la cocoteraie de Truitier dont elle s'occupera assidûment jusqu'à sa mort à l'âge de 59 ans. Elle aura aussi l'audace peu féminine à l'époque (et aujourd'hui encore) de transformer son domaine de Duvivier en une importante habitation sucrière en y installant une usine dont la direction fut confiée à l'ingénieur Jardine.

12 mai 2017

ROSA PARKS : QUI EST-ELLE?

Rosa Louise McCauley Parks, dite Rosa Parks, née le 4 Alabama, est une femme afro-américaine qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ce qui lui valut le surnom de « mère du mouvement des droits civiques » de la part du Congrès américain. Rosa Parks a lutté par la suite contre la ségrégation raciale avec Martin Luther King.

Le 1er décembre 1955, cette jeune couturière a participé 
au basculement de l’histoire des États-Unis en refusant de céder sa place à un Blanc dans un bus de ­Montgomery (Alabama). À cette époque, l’apartheid à l’américaine réprime mais l’apartheid à l’américaine s’effrite.

«Elle s’est assise pour que nous puissions nous lever. Paradoxalement, son emprisonnement ouvrit les portes de notre longue marche vers la liberté.» Jesse Jackson. Le 1erdécembre 1955, à ­Montgomery, en Alabama, dans le Sud ­profond, Rosa Parks, couturière de quarante-deux ans, s’est, en effet, assise. Elle a, plus exactement, refusé de se lever pour céder la place à un Blanc. Voici le témoignage qu’elle en a livré: «D’abord, j’avais travaillé dur toute la journée. J’étais vraiment fatiguée après cette journée de travail. Mon travail, c’est de fabriquer les vêtements que portent les Blancs. Ça ne m’est pas venu comme ça à l’esprit, mais c’est ce que je voulais savoir: quand et comment pourrait-on affirmer nos droits en tant qu’êtres humains? Ce qui s’est passé, c’est que le chauffeur m’a demandé quelque chose et que je n’ai pas eu envie de lui obéir. Il a appelé un policier et j’ai été arrêtée et emprisonnée.»
Ségrégation inconstitutionnelle
L’apartheid à l’américaine réprime mais l’apartheid à l’américaine s’effrite. En mai 1954, dans l’arrêt Brown vs Board of Education, la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans l’éducation. Le Sud raciste résiste, évidemment, tandis que le pouvoir fédéral regarde ailleurs, pour l’instant.
Rosa Parks, née en 1913 à Tuskegge, à cinquante kilomètres de Montgomery, ne fut pas la première à «désobéir». En 1944, Jackie Robinson, le premier joueur noir de la ligue professionnelle de base-ball, avait refusé d’être cantonné dans la partie du bus réservée aux «non-Blancs». Traduit devant une cour martiale, il fut acquitté. À Montgomery même, en mars 1955, une adolescente de quinze ans, Claudette Colvin, outrepasse l’interdit raciste. Mais c’est l’acte d’une couturière anonyme qui sert de déclencheur et de catalyseur. Dès le lendemain de son emprisonnement, les Noirs boycottent la compagnie de bus. Les différentes associations et églises se fédèrent au sein du Mouvement pour le progrès de Montgomery. Elles placent à sa tête un pasteur de vingt-sept ans venu d’Atlanta, Martin Luther King. Le mouvement formule trois ­revendications immédiates: la liberté pour les Noirs comme pour les Blancs de s’asseoir où ils veulent dans les autobus; la courtoisie des chauffeurs à l’égard de tout le monde; ­l’embauche de chauffeurs noirs.

KKK
Le Ku Klux Klan se démène comme ­jamais pour endiguer la vague montante du ­mouvement des droits civiques mais, le 4juin 1956, la Cour fédérale de district condamne les règles ségrégationnistes en vigueur dans les transports. Le maire de Montgomery se tourne vers la Cour suprême. Le 13novembre, la plus haute juridiction du pays confirme ­l’inconstitutionnalité de cette pratique ­ségrégationniste.
Rosa Parks a gagné. D’une flammèche, elle a embrasé la poudre dormante des consciences. Le mouvement des droits civiques est désormais sur son orbite. Dans son Histoire populaire des États-Unis, l’historien américain Howard Zinn souligne que «Montgomery allait servir de modèle au vaste mouvement de protestation qui secouerait le Sud pendant les dix années suivantes: rassemblements religieux pleins de ferveur, hymnes chrétiens adaptés aux luttes, références à l’idéal américain trahi, engagement de non-violence, volonté farouche de lutter jusqu’au sacrifice».
Marche des droits civiques
Cette «longue marche» prendra presque une décennie avant d’atteindre sa destination, fera une étape décisive à Washington, en août 1963, pour la grande marche des droits civiques et le discours de Martin Luther King «I Have a Dream». En 1964 et 1965, le président démocrate Lyndon Johnson signe, respectivement, la loi sur les droits civiques puis la loi sur le droit de vote. Quant à Rosa Parks, elle poursuivit son engagement, travailla avec le représentant afro-américain du Michigan, John Convers. En 1987, elle créa le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development qui organisait des visites en bus pour les jeunes générations en leur faisant découvrir les sites importants du mouvement pour les droits civiques. En 1990, Nelson Mandela, tout juste libéré de prison, lui rend visite à Detroit, où elle a établi domicile.
C’est là qu’elle décède le 24octobre 2005. Dans tout le pays, les drapeaux sont descendus à mi-mât. Sa dépouille reste exposée durant deux jours dans la rotonde du Capitole pour un hommage public. À l’autre bout du Mall, trône la statue géante d’Abraham Lincoln, le président qui abolit l’esclavage, promesse d’une aube nouvelle pour les Noirs d’Amérique qu’il fallut encore un siècle pour entrevoir.
De l’annonce de son décès à son enterrement, les premières places des bus de ­Montgomery restèrent vacantes. On y trouvait une photo 
de Rosa entourée d’un ruban et cette ­inscription: «La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s’est tenue debout en restant assise.»
«L’arme de l’amour».  En 1956, un reporter du New York Times 
couvre l’une des réunions de boycott. 
Il est impressionné par le talent de tribun 
de Martin Luther King qu’il cite longuement: «Nous avons subi les humiliations; nous 
avons supporté les injures; nous avons été maintenus dans la plus profonde oppression. 
Et nous avons décidé de nous dresser, 
armés de la seule protestation. C’est une 
des grandes gloires de l’Amérique que 
de garantir le droit de protester. Même 
si nous sommes arrêtés chaque jour, si 
nous sommes piétinés chaque jour, ne laissez jamais quelqu’un vous abaisser au point 
de vous forcer à le haïr. Nous devons user 
de l’arme de l’amour. Nous devons faire preuve de compassion et de compréhension envers 
ceux qui nous détestent. Nous devons réaliser que tant de gens ont appris à nous détester et qu’ils ne sont finalement pas totalement responsables de la haine qu’ils nous portent. Mais nous nous tenons au tournant de la vie 
et c’est toujours l’aube d’un nouveau jour.»

05 avril 2017

DISCOURS RACISTE DE NICOLAS SARKOZY A DAKAR - 26 JUILLET 2007

« Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de remercier d’abord le gouvernement et le peuple sénégalais de leur accueil si chaleureux. Permettez-moi de remercier l'Université de Dakar qui me permet pour la première fois de m’adresser à l’élite de la jeunesse africaine en tant que Président de la République française.
Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l’on doit à des amis que l’on aime et que l’on respecte. J’aime l’Afrique, je respecte et j’aime les Africains.
Entre le Sénégal et la France, l’histoire a tissé les liens d’une amitié que nul ne peut défaire. Cette amitié est forte et sincère. C’est pour cela que j’ai souhaité adresser, de Dakar, le salut fraternel de la France à l’Afrique tout entière.
Je veux, ce soir, m’adresser à tous les Africains qui sont si différents les uns des autres, qui n’ont pas la même langue, qui n’ont pas la même religion, qui n’ont pas les mêmes coutumes, qui n’ont pas la même culture, qui n’ont pas la même histoire et qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains. Là réside le premier mystère de l’Afrique.
Oui, je veux m’adresser à tous les habitants de ce continent meurtri, et, en particulier, aux jeunes, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères, frères dans la souffrance, frères dans l’humiliation, frères dans la révolte, frères dans l’espérance, frères dans le sentiment que vous éprouvez d’une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la terre africaine, foi qui se transmet de génération en génération et que l’exil lui-même ne peut effacer.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs de l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas besoin de mes pleurs.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, pour m’apitoyer sur votre sort parce que votre sort est d’abord entre vos mains. Que feriez-vous, fière jeunesse africaine de ma pitié ?
Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s’efface pas.
Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes.
Il y a eu la traite négrière, il y a eu l’esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l’homme, ce fut un crime contre l’humanité tout entière.
Et l’homme noir qui éternellement « entend de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit de l’un d’entre eux qu’on jette à la mer ». Cet homme noir qui ne peut s’empêcher de se répéter sans fin « Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ». Cet homme noir, je veux le dire ici à Dakar, a le visage de tous les hommes du monde.
Cette souffrance de l’homme noir, je ne parle pas de l’homme au sens du sexe, je parle de l’homme au sens de l’être humain et bien sûr de la femme et de l’homme dans son acceptation générale. Cette souffrance de l’homme noir, c’est la souffrance de tous les hommes. Cette blessure ouverte dans l’âme de l’homme noir est une blessure ouverte dans l’âme de tous les hommes.
Mais nul ne peut demander aux générations d’aujourd’hui d’expier ce crime perpétré par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères.
Jeunes d’Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance. Je suis venu vous dire que je ressens la traite et l’esclavage comme des crimes envers l’humanité. Je suis venu vous dire que votre déchirure et votre souffrance sont les nôtres et sont donc les miennes.
Je suis venu vous proposer de regarder ensemble, Africains et Français, au-delà de cette déchirure et au-delà de cette souffrance.
Je suis venu vous proposer, jeunes d’Afrique, non d’oublier cette déchirure et cette souffrance qui ne peuvent pas être oubliées, mais de les dépasser.
Je suis venu vous proposer, jeunes d’Afrique, non de ressasser ensemble le passé mais d’en tirer ensemble les leçons afin de regarder ensemble l’avenir.
Je suis venu, jeunes d’Afrique, regarder en face avec vous notre histoire commune.
L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. On s’est entretué en Afrique au moins autant qu’en Europe. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de vos ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les croyances, les coutumes de vos pères. Ils ont dit à vos pères ce qu’ils devaient penser, ce qu’ils devaient croire, ce qu’ils devaient faire. Ils ont coupé vos pères de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l’Afrique.
Ils ont eu tort.
Ils n’ont pas vu la profondeur et la richesse de l’âme africaine. Ils ont cru qu’ils étaient supérieurs, qu’ils étaient plus avancés, qu’ils étaient le progrès, qu’ils étaient la civilisation.
Ils ont eu tort.
Ils ont voulu convertir l’homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont cru qu’ils avaient tous les droits, ils ont cru qu’ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l’Afrique, plus puissants que l’âme africaine, plus puissants que les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d’Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges.
Ils ont eu tort.
Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale.
Ils ont eu tort.
Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre. Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus difficile l’ouverture aux autres, l’échange, le partage parce que pour s’ouvrir, pour échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses convictions. Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l’autre, par la crainte de l’avenir.
Le colonisateur est venu, il a pris, il s’est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail.
Il a pris mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu féconde des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Je veux le dire ici, tous les colons n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs.
Il y avait parmi eux des hommes mauvais mais il y avait aussi des hommes de bonne volonté, des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui croyaient faire le bien. Ils se trompaient mais certains étaient sincères. Ils croyaient donner la liberté, ils créaient l’aliénation. Ils croyaient briser les chaînes de l’obscurantisme, de la superstition, de la servitude. Ils forgeaient des chaînes bien plus lourdes, ils imposaient une servitude plus pesante, car c’étaient les esprits, c’étaient les âmes qui étaient asservis. Ils croyaient donner l’amour sans voir qu’ils semaient la révolte et la haine.
La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique. Elle n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n’est pas responsable des génocides. Elle n’est pas responsable des dictateurs. Elle n’est pas responsable du fanatisme. Elle n’est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n’est pas responsable des gaspillages et de la pollution.
Mais la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l’amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on leur en voulait autant.
La colonisation fut une grande faute qui détruisit chez le colonisé l’estime de soi et fit naître dans son cœur cette haine de soi qui débouche toujours sur la haine des autres.
La colonisation fut une grande faute mais de cette grande faute est né l’embryon d’une destinée commune. Et cette idée me tient particulièrement à cœur.
La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l’Europe et le destin de l’Afrique et qui les a mêlés. Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes.
Et la France n’oublie pas ce sang africain versé pour sa liberté.
Nul ne peut faire comme si rien n’était arrivé.
Nul ne peut faire comme si cette faute n’avait pas été commise.
Nul ne peut faire comme si cette histoire n’avait pas eu lieu.
Pour le meilleur comme pour le pire, la colonisation a transformé l’homme africain et l’homme européen.
Jeunes d’Afrique, vous êtes les héritiers des plus vieilles traditions africaines et vous êtes les héritiers de tout ce que l’Occident a déposé dans le cœur et dans l’âme de l’Afrique.
Jeunes d’Afrique, la civilisation européenne a eu tort de se croire supérieure à celle de vos ancêtres, mais désormais la civilisation européenne vous appartient aussi.
Jeunes d’Afrique, ne cédez pas à la tentation de la pureté parce qu’elle est une maladie, une maladie de l’intelligence, et qui est ce qu’il y a de plus dangereux au monde.
Jeunes d’Afrique, ne vous coupez pas de ce qui vous enrichit, ne vous amputez pas d’une part de vous-même. La pureté est un enfermement, la pureté est une intolérance. La pureté est un fantasme qui conduit au fanatisme.
Je veux vous dire, jeunes d’Afrique, que le drame de l’Afrique n’est pas dans une prétendue infériorité de son art, sa pensée, de sa culture. Car, pour ce qui est de l’art, de la pensée et de la culture, c’est l’Occident qui s’est mis à l’école de l’Afrique.
L’art moderne doit presque tout à l’Afrique. L’influence de l’Afrique a contribué à changer non seulement l’idée de la beauté, non seulement le sens du rythme, de la musique, de la danse, mais même dit Senghor, la manière de marcher ou de rire du monde du xxe siècle.
Je veux donc dire, à la jeunesse d’Afrique, que le drame de l’Afrique ne vient pas de ce que l’âme africaine serait imperméable à la logique et à la raison. Car l’homme africain est aussi logique et raisonnable que l’homme européen.
C’est en puisant dans l’imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c’est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui, depuis l’aube des temps, se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que vous trouverez l’imagination et la force de vous inventer un avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où vous vous sentirez enfin libres, libres, jeunes d’Afrique d’être vous-mêmes, libre de décider par vous-mêmes.
Je suis venu vous dire que vous n’avez pas à avoir honte des valeurs de la civilisation africaine, qu’elles ne vous tirent pas vers le bas mais vers le haut, qu’elles sont un antidote au matérialisme et à l’individualisme qui asservissent l’homme moderne, qu’elles sont le plus précieux des héritages face à la déshumanisation et à l’aplatissement du monde.
Je suis venu vous dire que l’homme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier avec la nature a beaucoup à apprendre de l’homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires.
Je suis venu vous dire que cette déchirure entre ces deux parts de vous-mêmes est votre plus grande force, et votre plus grande faiblesse selon que vous vous efforcerez ou non d’en faire la synthèse.
Mais je suis aussi venu vous dire qu’il y a en vous, jeunes d’Afrique, deux héritages, deux sagesses, deux traditions qui se sont longtemps combattues : celle de l’Afrique et celle de l’Europe.
Je suis venu vous dire que cette part africaine et cette part européenne de vous-mêmes forment votre identité déchirée.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, vous donner des leçons.
Je ne suis pas venu vous faire la morale.
Mais je suis venu vous dire que la part d’Europe qui est en vous est le fruit d’un grand péché d’orgueil de l’Occident mais que cette part d’Europe en vous n’est pas indigne.
Car elle est l’appel de la liberté, de l’émancipation et de la justice et de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Car elle est l’appel à la raison et à la conscience universelles.
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.
Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.
Le problème de l’Afrique et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire.
Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé.
Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.
Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter.
Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres.
Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de se préparer au retour du malheur, comme si celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de conjurer le malheur, car l’Afrique a le droit au bonheur comme tous les autres continents du monde.
Le problème de l’Afrique, c’est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile.
Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à regarder son accession à l’universel non comme un reniement de ce qu’elle est mais comme un accomplissement.
Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à se sentir l’héritière de tout ce qu’il y a d’universel dans toutes les civilisations humaines.
C’est de s’approprier les droits de l’homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice comme l’héritage commun de toutes les civilisations et de tous les hommes.
C’est de s’approprier la science et la technique modernes comme le produit de toute l’intelligence humaine.
Le défi de l’Afrique est celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous les peuples qui veulent garder leur identité sans s’enfermer parce qu’ils savent que l’enfermement est mortel.
Les civilisations sont grandes à la mesure de leur participation au grand métissage de l’esprit humain.
La faiblesse de l’Afrique qui a connu sur son sol tant de civilisations brillantes, ce fut longtemps de ne pas participer assez à ce grand métissage. Elle a payé cher, l’Afrique, ce désengagement du monde qui l’a rendue si vulnérable. Mais, de ses malheurs, l’Afrique a tiré une force nouvelle en se métissant à son tour. Ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est la vraie force et la vraie chance de l’Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale.
La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, au-delà des crimes et des fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’histoire.
Ne vous laissez pas, jeunes d’Afrique, voler votre avenir par ceux qui ne savent opposer à l’intolérance que l’intolérance, au racisme que le racisme.
Ne vous laissez pas, jeunes d’Afrique, voler votre avenir par ceux qui veulent vous exproprier d’une histoire qui vous appartient aussi parce qu’elle fut l’histoire douloureuse de vos parents, de vos grands-parents et de vos aïeux.
N’écoutez pas, jeunes d’Afrique, ceux qui veulent faire sortir l’Afrique de l’histoire au nom de la tradition parce qu’une Afrique ou plus rien ne changerait serait de nouveau condamnée à la servitude.
N’écoutez pas, jeunes d’Afrique, ceux qui veulent vous empêcher de prendre votre part dans l’aventure humaine, parce que sans vous, jeunes d’Afrique qui êtes la jeunesse du monde, l’aventure humaine sera moins belle.
N’écoutez pas jeunes d’Afrique, ceux qui veulent vous déraciner, vous priver de votre identité, faire table rase de tout ce qui est africain, de toute la mystique, la religiosité, la sensibilité, la mentalité africaine, parce que pour échanger il faut avoir quelque chose à donner, parce que pour parler aux autres, il faut avoir quelque chose à leur dire.
Ecoutez plutôt, jeunes d’Afrique, la grande voix du Président Senghor qui chercha toute sa vie à réconcilier les héritages et les cultures au croisement desquels les hasards et les tragédies de l’histoire avaient placé l’Afrique.
Il disait, lui l’enfant de Joal, qui avait été bercé par les rhapsodies des griots, il disait : « nous sommes des métis culturels, et si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle, que notre message s’adresse aussi aux Français et aux autres hommes ».
Il disait aussi : « le français nous a fait don de ses mots abstraits -si rares dans nos langues maternelles. Chez nous les mots sont naturellement nimbés d’un halo de sève et de sang ; les mots du français eux rayonnent de mille feux, comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit ».
Ainsi parlait Léopold Senghor qui fait honneur à tout ce que l’humanité comprend d’intelligence. Ce grand poète et ce grand Africain voulait que l’Afrique se mit à parler à toute l’humanité et lui écrivait en français des poèmes pour tous les hommes.
Ces poèmes étaient des chants qui parlaient, à tous les hommes, d’êtres fabuleux qui gardent des fontaines, chantent dans les rivières et qui se cachent dans les arbres.
Des poèmes qui leur faisaient entendre les voix des morts du village et des ancêtres.
Des poèmes qui faisaient traverser des forêts de symboles et remonter jusqu’aux sources de la mémoire ancestrale que chaque peuple garde au fond de sa conscience comme l’adulte garde au fond de la sienne le souvenir du bonheur de l’enfance.
Car chaque peuple a connu ce temps de l’éternel présent, où il cherchait non à dominer l’univers mais à vivre en harmonie avec l’univers. Temps de la sensation, de l’instinct, de l’intuition. Temps du mystère et de l’initiation. Temps mystique ou le sacré était partout, où tout était signes et correspondances. C’est le temps des magiciens, des sorciers et des chamanes. Le temps de la parole qui était grande, parce qu’elle se respecte et se répète de génération en génération, et transmet, de siècle en siècle, des légendes aussi anciennes que les dieux.
L’Afrique a fait se ressouvenir à tous les peuples de la terre qu’ils avaient partagé la même enfance. L’Afrique en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, ce besoin de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête.
Ceux qui jugent la culture africaine arriérée, ceux qui tiennent les Africains pour de grands enfants, tous ceux-là ont oublié que la Grèce antique qui nous a tant appris sur l’usage de la raison avait aussi ses sorciers, ses devins, ses cultes à mystères, ses sociétés secrètes, ses bois sacrés et sa mythologie qui venait du fond des âges et dans laquelle nous puisons encore, aujourd’hui, un inestimable trésor de sagesse humaine.
L’Afrique qui a aussi ses grands poèmes dramatiques et ses légendes tragiques, en écoutant Sophocle, a entendu une voix plus familière qu’elle ne l’aurait crû et l’Occident a reconnu dans l’art africain des formes de beauté qui avaient jadis été les siennes et qu’il éprouvait le besoin de ressusciter.
Alors entendez, jeunes d’Afrique, combien Rimbaud est africain quand il met des couleurs sur les voyelles comme tes ancêtres en mettaient sur leurs masques, « masque noir, masque rouge, masque blanc–et-noir ».
Ouvrez les yeux, jeunes d’Afrique, et ne regardez plus, comme l’ont fait trop souvent vos aînés, la civilisation mondiale comme une menace pour votre identité mais la civilisation mondiale comme quelque chose qui vous appartient aussi.
Dès lors que vous reconnaîtrez dans la sagesse universelle une part de la sagesse que vous tenez de vos pères et que vous aurez la volonté de la faire fructifier, alors commencera ce que j’appelle de mes vœux, la Renaissance africaine.
Dès lors que vous proclamerez que l’homme africain n’est pas voué à un destin qui serait fatalement tragique et que, partout en Afrique, il ne saurait y avoir d’autre but que le bonheur, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que vous, jeunes d’Afrique, vous déclarerez qu’il ne saurait y avoir d’autres finalités pour une politique africaine que l’unité de l’Afrique et l’unité du genre humain, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que vous regarderez bien en face la réalité de l’Afrique et que vous la prendrez à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause.
Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l’Afrique.
La réalité de l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible.
La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère.
La réalité de l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence.
La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, c’est le manque d’écoles, c’est le manque d’hôpitaux.
La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents, d’intelligence.
La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer de ses mythes.
La Renaissance dont l’Afrique a besoin, vous seuls, Jeunes d’Afrique, vous pouvez l’accomplir parce que vous seuls en aurez la force.
Cette Renaissance, je suis venu vous la proposer. Je suis venu vous la proposer pour que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend pour une large part la Renaissance de l’Europe et la Renaissance du monde.
Je sais l’envie de partir qu’éprouvent un si grand nombre d’entre vous confrontés aux difficultés de l’Afrique.
Je sais la tentation de l’exil qui pousse tant de jeunes Africains à aller chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas ici pour faire vivre leur famille.
Je sais ce qu’il faut de volonté, ce qu’il faut de courage pour tenter cette aventure, pour quitter sa patrie, la terre où l’on est né, où l’on a grandi, pour laisser derrière soi les lieux familiers où l’on a été heureux, l’amour d’une mère, d’un père ou d’un frère et cette solidarité, cette chaleur, cet esprit communautaire qui sont si forts en Afrique.
Je sais ce qu’il faut de force d’âme pour affronter le dépaysement, l’éloignement, la solitude.
Je sais ce que la plupart d’entre eux doivent affronter comme épreuves, comme difficultés, comme risques.
Je sais qu’ils iront parfois jusqu’à risquer leur vie pour aller jusqu’au bout de ce qu’ils croient être leur rêve.
Mais je sais que rien ne les retiendra.
Car rien ne retient jamais la jeunesse quand elle se croit portée par ses rêves.
Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère.
Je crois que la jeunesse africaine s’en va parce que, comme toutes les jeunesses, elle veut conquérir le monde.
Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l’aventure et du grand large.
Elle veut aller voir comment on vit, comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs.
L’Afrique n’accomplira pas sa Renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse. Mais l’Afrique a besoin de sa jeunesse.
La Renaissance de l’Afrique commencera en apprenant à la jeunesse africaine à vivre avec le monde, non à le refuser.
La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que le monde lui appartient comme à toutes les jeunesses de la terre.
La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que tout deviendra possible comme tout semblait possible aux hommes de la Renaissance.
Alors, je sais bien que la jeunesse africaine, ne doit pas être la seule jeunesse du monde assignée à résidence. Elle ne peut pas être la seule jeunesse du monde qui n’a le choix qu’entre la clandestinité et le repliement sur soi.
Elle doit pouvoir acquérir, hors, d’Afrique la compétence et le savoir qu’elle ne trouverait pas chez elle.
Mais elle doit aussi à la terre africaine de mettre à son service les talents qu’elle aura développés. Il faut revenir bâtir l’Afrique ; il faut lui apporter le savoir, la compétence le dynamisme de ses cadres. Il faut mettre un terme au pillage des élites africaines dont l’Afrique a besoin pour se développer.
Ce que veut la jeunesse africaine c’est de ne pas être à la merci des passeurs sans scrupules qui jouent avec votre vie.
Ce que veut la jeunesse d’Afrique, c’est que sa dignité soit préservée.
C’est pouvoir faire des études, c’est pouvoir travailler, c’est pouvoir vivre décemment. C’est au fond, ce que veut toute l’Afrique. L’Afrique ne veut pas de la charité. L’Afrique ne veut pas d’aide. L’Afrique ne veut pas de passe-droit.
Ce que veut l’Afrique et ce qu’il faut lui donner, c’est la solidarité, la compréhension et le respect.
Ce que veut l’Afrique, ce n’est pas que l’on prenne son avenir en main, ce n’est pas que l’on pense à sa place, ce n’est pas que l’on décide à sa place.
Ce que veut l’Afrique est ce que veut la France, c’est la coopération, c’est l’association, c’est le partenariat entre des nations égales en droits et en devoirs.
Jeunesse africaine, vous voulez la démocratie, vous voulez la liberté, vous voulez la justice, vous voulez le Droit ? C’est à vous d’en décider. La France ne décidera pas à votre place. Mais si vous choisissez la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France s’associera à vous pour les construire.
Jeunes d’Afrique, la mondialisation telle qu’elle se fait ne vous plaît pas. L’Afrique a payé trop cher le mirage du collectivisme et du progressisme pour céder à celui du laisser-faire.
Jeunes d’Afrique vous croyez que le libre échange est bénéfique mais que ce n’est pas une religion. Vous croyez que la concurrence est un moyen mais que ce n’est pas une fin en soi. Vous ne croyez pas au laisser-faire. Vous savez qu’à être trop naïve, l’Afrique serait condamnée à devenir la proie des prédateurs du monde entier. Et cela vous ne le voulez pas. Vous voulez une autre mondialisation, avec plus d’humanité, avec plus de justice, avec plus de règles.
Je suis venu vous dire que la France la veut aussi. Elle veut se battre avec l’Europe, elle veut se battre avec l’Afrique, elle veut se battre avec tous ceux, qui dans le monde, veulent changer la mondialisation. Si l’Afrique, la France et l’Europe le veulent ensemble, alors nous réussirons. Mais nous ne pouvons pas exprimer une volonté votre place.
Jeunes d’Afrique, vous voulez le développement, vous voulez la croissance, vous voulez la hausse du niveau de vie.
Mais le voulez-vous vraiment ? Voulez-vous que cesse l’arbitraire, la corruption, la violence ? Voulez-vous que la propriété soit respectée, que l’argent soit investi au lieu d’être détourné ? Voulez-vous que l’État se remette à faire son métier, qu’il soit allégé des bureaucraties qui l’étouffent, qu’il soit libéré du parasitisme, du clientélisme, que son autorité soit restaurée, qu’il domine les féodalités, qu’il domine les corporatismes ? Voulez-vous que partout règne l’État de droit qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu’il peut attendre des autres ?
Si vous le voulez, alors la France sera à vos côtés pour l’exiger, mais personne ne le voudra à votre place.
Voulez-vous qu’il n’y ait plus de famine sur la terre africaine ? Voulez-vous que, sur la terre africaine, il n’y ait plus jamais un seul enfant qui meure de faim ? Alors cherchez l’autosuffisance alimentaire. Alors développez les cultures vivrières. L’Afrique a d’abord besoin de produire pour se nourrir. Si c’est ce que vous voulez, jeunes d’Afrique, vous tenez entre vos mains l’avenir de l’Afrique, et la France travaillera avec vous pour bâtir cet avenir.
Vous voulez lutter contre la pollution ? Vous voulez que le développement soit durable ? Vous voulez que les générations actuelles ne vivent plus au détriment des générations futures ? Vous voulez que chacun paye le véritable coût de ce qu’il consomme ? Vous voulez développer les technologies propres ? C’est à vous de le décider. Mais si vous le décidez, la France sera à vos côtés.
Vous voulez la paix sur le continent africain ? Vous voulez la sécurité collective ? Vous voulez le règlement pacifique des conflits ? Vous voulez mettre fin au cycle infernal de la vengeance et de la haine ? C’est à vous, mes amis africains, de le décider . Et si vous le décidez, la France sera à vos côtés, comme une amie indéfectible, mais la France ne peut pas vouloir à la place de la jeunesse d’Afrique.
Vous voulez l’unité africaine ? La France le souhaite aussi.
Parce que la France souhaite l’unité de l’Afrique, car l’unité de l’Afrique rendra l’Afrique aux Africains.
Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est regarder en face les réalités. C’est faire la politique des réalités et non plus la politique des mythes.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est le codéveloppement, c’est-à-dire le développement partagé.
La France veut avec l’Afrique des projets communs, des pôles de compétitivité communs, des universités communes, des laboratoires communs.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est élaborer une stratégie commune dans la mondialisation.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une politique d’immigration négociée ensemble, décidée ensemble pour que la jeunesse africaine puisse être accueillie en France et dans toute l’Europe avec dignité et avec respect.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur.
Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est préparer l’avènement de l’Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l’Europe et l’Afrique.
A ceux qui, en Afrique, regardent avec méfiance ce grand projet de l’Union Méditerranéenne que la France a proposé à tous les pays riverains de la Méditerranée, je veux dire que, dans l’esprit de la France, il ne s’agit nullement de mettre à l’écart l’Afrique, qui s’étend au sud du Sahara mais, qu’au contraire, il s’agit de faire de cette Union le pivot de l’Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu’Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble.
Alors, mes chers Amis, alors seulement, l’enfant noir de Camara Laye, à genoux dans le silence de la nuit africaine, saura et comprendra qu’il peut lever la tête et regarder avec confiance l’avenir. Et cet enfant noir de Camara Laye, il sentira réconciliées en lui les deux parts de lui-même. Et il se sentira enfin un homme comme tous les autres hommes de l’humanité.
Je vous remercie. »

25 avril 2016

Adresses postales

HAITI,  codes  de  la poste  par départements et communes

Département de l’Artibonite

HT4110 :Gonaives
HT4111 : Petite Rivière de l’Artibonite
HT4120 : Ennery
HT4130 : L’Estère
HT4210 : Gros Morne
HT4220 : Terre Neuve
HT4230 : Anse Rouge
HT4231 : Sources Chaudes
HT4310 : Saint Marc
HT4311 : Montrouis
HT4320 :Verrettes
HT4321 : Désarmes
HT4322 : Deschapelles
HT4323 : Liancourt
HT4410 : Dessalines / Marchand
HT4420 : Petite Rivière del’Artibonite
HT4421 : Savane à Roches
HT4430 : Grande Saline
HT4440 : Desdunes
HT4510 : Marmelade
HT4520 : Saint Michel de l’Attalaye

Département de l’Ouest

HT6110 : Port-au-Prince
HT6111 : Bel-Air et Bourdon
HT6112 : Bas Peu de Choses
HT6113 : Turgeau
HT6114 : Bois Verna
HT6116 : Carrefour Feuilles
HT6117 : Morne de l’Hôpital
HT6118 : Bolosse
HT6119 : Martissant et Fontamara
HT6120 :Delmas
HT6121 : Varreux
HT6122 : Cité soleil
HT6123 : Maïs Gâté, Tabarre zone 1
HT6124 : Petite Place Cazeau, Tabarre zone 2
HT6125 : Croix-des-Missions
HT6130 : Carrefour
HT6131 : Bizoton
HT6132 : Diquini, Thor
HT6133 : Côte-Page, Mahotière
HT6134 : Arcachon, Warney
HT6135 : Brochette
HT6136 : Lamentin, Mariani, Merger
HT6140 : Pétion-Ville
HT6141 : Frères, pergnier
HT6142 : Pèlerin
HT6143 : Tête de l’Eau
HT6144 : Laboule
HT6145 : Thomassin
HT6146 : Fermathe
HT6147 : Pergnier
HT6150 : Kenscoff
HT6160 : Gressier
HT6210 :Léogâne
HT6211 : Trouin
HT6212 : Orangers
HT6220 : PetitGoâve
HT6221 : Vialet
HT6230 : Grand Goâve
HT6310 : Croix-des-Bouquets
HT6311 : Santo
HT6312 : Bon Repos
HT6320 : Thomazeau
HT6330 :Ganthier
HT6331 : Fonds Parisien et Galette Bonbon
HT6330 : Cornillon
HT6340 : Fonds Verettes
HT6410 :Arcahaie
HT6411 : Saintard
HT6420: Cabaret
HT6421: Casale
HT6510 : Anse à Galets (La Gonâve)
HT6520 : Pointe à Raquette (La Gonâve)

Département de la Grande Anse

HT7110 :Jérémie
HT 7111 : Léon
HT 7112 : Marfranc
HT7120 : Abricot
HT7130 : Bonbon
HT7140 :Moron
HT7141 : Sources Chaudes
HT7150 : Chambellan
HT7210 : Anse d’Hainault
HT7220 : Dame-Marie
HT7221 : lesson
HT7230 : LesIrois
HT7231 : Carcasse
HT7310 : Corail
HT7320 : Roseaux
HT7330 : Beaumont
HT7340 : Pestel

Département de Nippes

HT7410 :Miragoâne
HT7411 : Saint Michel du Sud
HT7412 : Paillant
HT7413 : Fond des Nègres
HT7420 : Petite Rivière de Nippes
HT7510 : Anse-à-Veau
HT7520 :Baradères
HT7521 : Grand Boucan
HT7530 : Petit Trou de Nippes
HT7540 : L’Asile

Département du Centre

HT5110 :Hinche
HT5111 : Los Palis
HT5120 :Maïssade
HT5121 : Louverture
HT5130 : Thomonde
HT5140 : Cerca Cavajal
HT5210 :Mirebalais
HT5211 : Dufailly
HT5220 : Saut d’Eau
HT5230 : Boucan Carré
HT5231 : Péligre
HT5310 : Lascahobas
HT5320 :Belladères
HT5330 : Savanette
HT5321 : Baptiste
HT5410 : Cerca-la-Source
HT5411 : Saltadère
HT5412 : La Mielle
HT5420 : Thomassique

Département du Nord

HT1110 : Cap-Haïtien (la ville)
HT1111 : Bande du Nord (quartier du Cap)
HT1112 : Labadie (quartier du Cap)
HT1113 : Haut du Cap (quartier du Cap)
HT1114 : Petite Anse
HT1120 : Quartier Morin
HT1130 : Limonade
HT1210 :Acul du Nord
HT1211 : La Soufrière
HT1220 : Plaine du Nord
HT1221 : Robillard
HT1230 :Milot
HT1231 : Carrefour des Pères
HT1310 : Grande Rivière du Nord et
HT1320 : Barbon
HT1410 : Saint Raphaël
HT1420 : Dondon
HT1430 : Ranquitte
HT1440 : Pignon
HT1450 : La Victoire
HT1510 : Borgne
HT1511 : Petit bourg de Borgne
HT1517 : Côte de Fer et Fond
HT1520 : Port-Margot
HT1521 : Bayeux
HT1522 : Margot
HT1610 :Limbé
HT1611 : Camp Coq
HT1620 : Bas Limbé
HT1710 : Plaisance
HT1720 : Pilate
HT1723 : Ravine Trompette

Département du Nord-Est

HT2110 : Fort Liberté
HT2111 : Dérac
HT2112 : Acul Samedi
HT2120 :Ferrier
HT2121 : Maribahoux
HT2130 : Perches
HT2210 :Ouanaminthe
HT2220 : Capotille
HT2230 : Mont Organisé
HT2310 : Trou du Nord
HT2320 : Saint Suzanne
HT2321 : Dupity
HT2330 : Terrier Rouge
HT2331 : Phaëton
HT2332 : Paulette
HT2331 : Phaëton
HT2340 : Caracol
HT2410 :Vallières
HT2411 : Grosse Roche
HT2420 : Carice
HT2430 : Mombrun Crochu
HT2431 : Bois Laurence

Département du Nord-Ouest

HT3110 : Port-de-Paix
HT3111 : La Pointe
HT3120 : La Tortue
HT3121 : Pointe des Roseaux
HT3122 : Mare Rouge
HT3130 : Bassin Bleu
HT3140 : Chansolme
HT3210 : Saint Louis du Nord
HT3211 : Bonneau
HT3212 : Guichard
HT3220 : Anse à Foleur
HT3310 : Môle Saint Nicolas
HT3320 : Bombardopolis
HT3330 : Baie de Henne
HT3340 : Jean-Rabel

Département du Sud

HT8110 : Cayes
HT8120 :Torbeck
HT8121 : Ferme Le Blanc
HT8122 : Ducis
HT8130 : Chantal
HT8140 : Camp Perrin
HT8150 : Maniche
HT8160 : L’Ïle à Vaches
HT8210 : Port-Salut
HT8220 : Saint Jean du Sud
HT8230 : Arniquet
HT8310 :Aquin
HT8311 : Fond des Blanc
HT8312 : Vieux Bourg d’Aquin
HT8313 : La Colline
HT8320 : Saint Louis du Sud
HT8330 : Cavaillon
HT8410 :Côteaux
HT8411 : Damassin
HT8412 : La Côte
HT8420 : Port à Piment
HT8430 : Roche à Bateau
HT8510 :Chardonnières
HT8511 : Randel
HT8520 : Les Anglais
HT8530 :Tiburon
HT8531 : Cahonane

Département du Sud-Est

HT9110 :Jacmel
HT9111 : Marbial
HT9120 : Marigot
HT9121 : Seguin
HT9130 : Cayes Jacmel
HT9140 : La Vallée de Jacmel
HT9210 : Bainet
HT9220 : Côtes de Fer
HT9310 : Belle-Anse
HT9311 : Mapou
HT9320 : Grand Gosier
HT9321 : Bodarie
HT9330 : Thiotte
HT9340 : Anse à Pitre
HT9341 : Banane

20 avril 2016

VII

MES FRUSTRATIONS - VII
Le silence est un crime
Annou revòlte
Fè mesaj la sikile

Anpil fwa mwen mande pou n revòlte kont vòlè, kadejakè, magouyè, kidnapè san manman yon fason pou n rive viv tankou moun, gen moun ki kraponnen paske yo panse yo ka mouri...
M ta renmen nou eksplike m kisa n ap defann nan lavi sa a ki fè nou pè goumen pou yon lavi miyò a.
Nou ta renmen toujou gade tifi 12 an k ap kouche pou yon plat manje?
Nou ta renmen toujou gen plis pase 30 an pou n sou kont paran nou?
Nou ta renmen toujou paka manje malgre nou fè plis pase 20 an lekòl ?
Nou ta renmen toujou ap dòmi devan kabann moun malgre nou fin granmoun ?
Nou ta renmen toujou wè prezidan, minis, palmantè, boujwa ap kontinye pase malere nan betiz?
Nou ta renmen toujou aprann yo kidnape epi touye pitit malere parèy nou?
Nou ta renmen toujou paka viv jan nou dwe viv?
Nou ta renmen pou pastè, pè kontinye fè nou reziye n ak move lavi pandan y ap ranmase richès ?
Nou ta renmen toujou pou kouche ak yon moun pou nou jwenn travay ?
Nou ta renmen toujou kontinye mete wòch bouyi sou dife pou fè pitit nou kwè n ap prepare manje pou li?
Nou ta renmen toujou gen yon peyi kote otorite yo pa menm ka etenn yon dife ?
Nou ta renmen toujou gen yon peyi kote otorite yo pa menm ka retire fatra nan lari a?
Nou ta renmen toujou gen yon peyi kote otorite yo kontinye ap pase nou nan betiz nan di y ap fè pwojè pou nou?

Anvan 1804 nou te kwè nan LIBÈTE OUBYEN LANMÒ, plis pase 200 an apre nou pito reziye nou nan PITO NOU LÈD NOU LA.

Ebyen si w vle viv tankou moun, nou dwe revòlte kont tout dirijan mètdam, kont tout vòlè k ap pale tankou moun serye, nou dwe ranvèse yo ak mwayen nou genyen, nou dwe leve kanpe pou n fè yo konnen nou la...

Sinon nou fèk kare viv pi mal pase chen lakay yo!!!

*Ourdy Dessources in Journal d'un révolté

Le bruit

Le bruit !
À la Jamaïque, il fut un temps, où il était interdit de troubler le silence à partir de sept heures du soir même avec un simple transistor.
Dans l’île on n’aime pas trop penser à cette époque où le joug de Londres pesait sur les cœurs et sur les consciences.
Mais chez nous le bruit nous déshumanise.
On fait du bruit sans penser à l’autre. On fait du bruit comme pour prouver qu’on existe. Comme pour prouver qu’on est libre de faire de ce qu’on veut sans se soucier de l’autre.
Devant les écoles, devant les hôpitaux, on fait du bruit.
Dans les quartiers résidentiels, on fait du bruit.
Et celui qui fait ce bruit, qui le produit, n’a même pas conscience qu’il dérange l’autre.
Mais l’autre existe-t-il ? Voici une question à laquelle on devrait bien essayer de répondre.
L’autre est celui qu’on méprise parce qu’on s’arroge le droit de l’abrutir avec son bruit, comme avec ses immondices que de sa méprisante hauteur on déverse dans les eaux de pluie.
Le problème, c’est qu’on en vient à s’habituer au bruit. On dort même avec le bruit. Le bruit ne dérange plus. De toute manière, on a peur de demander à l’autre de baisser le volume de son haut-parleur. Ce serait un crime de lèse-Jésus que de demander à un pasteur d’enlever son mégaphone sur le toit de son temple, car il n’a pas le droit d’abreuver les autres qui ne l’ont pas demandé avec ses prêches. Cela devient alors une violation de l’espace privé, de la vie privée. Talibans en herbe !
On est tellement submergé par le bruit qu’on s’habitue même avec un autre bruit. Celui des discours qui ne veulent plus rien dire. De ces politiques qui viennent ânonner sur les ondes de certaines stations de radio pour ressasser les mêmes choses qui ne veulent plus rien dire. Du bruit ! De la cacophonie !
Comme ces pétarades de motocyclettes qui aux heures les plus avancées de la nuit vous enlèvent le sommeil. Que dire des génératrices qui rythment nos rêves ! Il y a aussi les chiens qui se mettent à tout moment à aboyer, parfois à l’unisson. Les chiens, ils sont partout. C’est l’un des rares pays où autant de chiens errants occupent le macadam. On se demande même pourquoi les gens veulent avoir un chien si c’est pour qu’il erre dans les rues. Certains prétendent qu’un chien chez soi, c’est comme un paratonnerre pour les mauvais airs… Bref, du bruit. Du  bruit partout.
Il faut aussi du bruit, beaucoup de bruit quand il n’y a que du vide dans la tête. Notre pays se retrouve de plus en plus vide d’idées. Vide de vertu. Vide de cœur.
Alors il faut du bruit. Encore du bruit. Pour ne pas faire face à ce silence qui ouvre la porte de votre néant.
Légiférer sur le bruit ! Une vraie gouvernance ne pourra y échapper.

Gary VICTOR

07 avril 2016

Newton

NOTE DE ME. NEWTON LOUIS ST JUSTE SUR LES ORDRES D’INTERDICTION DE DEPART EMIS PAR LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT DE PORT-AU-PRINCE CONTRE DES PROCHES DU PHTK

Me. Newton Louis St Juste a appris que le Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince, Me. Jean Danton Léger a émis plusieurs ordres d’interdiction de départ contre de nombreux Citoyens proches du PHTK sans référence à aucun texte de loi, dans le cadre d’une série de dossiers de corruption, de blanchiment d’argent, de trafic de drogue et de détournement de biens et de fonds publics ayant gangrené les plus hautes sphères de l’Etat durant le mandat de l’ancien Président Michel Martelly.

Me. Newton Louis St Juste a aussi appris que la plupart de ces ordres concernent les faits infractionnels qu’il a dénoncés au Parquet de Port-au-Prince le 23 mars 2016 contre les anciens MinistresWilson Laleau, Jude Hervé Day, Jacques Rousseau, Yves Germain Joseph,  l’actuel Directeur Général de l’APN, Alix Célestin et les Citoyens Philippe Coles, Edouard Baussan et Georges Roumain respectivement Président et Vice-présidents du Conseil d’Administration de la Société Caribbean Port Services S.A (CPS) aux fins de faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ladite Société opère au niveau du quai Nord du Port de Port de Port-au-Prince en fixant et percevant arbitrairement des droits en dehors des Principes de l’Etat de droit et en violation des droits des Agents maritimes en particulier et de la population en général. 

S’il faut saluer la célérité avec laquelle le Parquet de Port-au-Prince statue depuis une semaine sur les dénonciations à lui adressées ou faites par voie de presse, il importe de rappeler que le Commissaire du Gouvernent ne peut et ne doit prendre aucune mesure privative de liberté en dehors des cas de flagrant délit.

Il importe également de rappeler qu’aucun texte de loi n’autorise le Commissaire du Gouvernement à émettre des ordres d’interdiction de départ pour quelque motif que ce soit. Le Commissaire du Gouvernement étant l’avocat de la Société, doit garantir sur un même pied d’égalité les droits et libertés de tous, notamment ceux des victimes et des personnes poursuivies. Le Commissaire du Gouvernement dans la mise en mouvement et l’exercice de l’action publique se trouve dans un paradoxe pénal dans lequel l’Ordre public et les libertés des Citoyens doivent bénéficier d’une égale protection.

Enfin, Me. Newton Louis St Juste exhorte le Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince, Me. Jean Danton Léger à agir dans les limites de la loi pour faciliter l’établissement de l’Etat de droit dans notre Societe dans l’intérêt de tous en général et de chacun en particulier.

Port-au-Prince, le 7 avril 2016

Newton Louis St Juste, Av.

26 février 2016

Résolution du Conseil de l'Université

Université d'État d'Haïti

Conseil de l'Université

Résolution du Conseil de l'Université

Réuni en session extraordinaire le 25 février 2016 et après analyse des différentes revendications exprimées par les occupants des locaux de l'Université d'État d'Haïti (UEH), soit auprès du Doyen Jovin le mardi 9 février, soit auprès de la Commission de bonne volonté  du 11 février (Cadet-Dorcélus-Joseph-Lainy-Régulus), soit auprès de la délégation d'étudiants membres du Conseil de l'Université les 20 et 24 février, le Conseil de l'Université d'État d'Haïti, décide :

1- Toutes les dispositions seront prises en vue de chercher les ressources nécessaires à l'amélioration des conditions de travail à l'UEH, en termes de bibliothèques, de cafétéria, de transport, d'assurance, et d'autres services généraux ;

2- Le processus électoral doit se poursuivre en vue de l'élection dun nouveau Conseil Exécutif appelé à remplacer le Conseil sortant le 31 mars 2016 ;

3- Les élections doivent se dérouler dans des conditions idéales garantissant la tenue de débats objectifs et légalité de chances à tous les candidats. Il est demandé à la Commission Centrale Électorale (CCE) d’envisager la révision du calendrier électoral à cet effet ;

4- Les décisions adoptées le 9 octobre 2015, relatives aux événements survenus à l'IERAH, dans le cadre de la Quinzaine présidentielle, sont provisoirement suspendues. Une Commission d'enquête sera constituée dans un bref délai  en vue de faire la lumière sur ces événements et de fixer les responsabilités en la circonstance. La Commission une fois constituée disposera dun délai dun mois calendaire pour soumettre son rapport au Conseil de l'Université qui prendra les décisions finales appropriées.

Il est entendu que les décisions ci-dessus mentionnées prendront effet dès la désoccupation des locaux de l'UEH.

Fait à Pétion-Ville le 25 février 2016.

Pour le Conseil de l'Université,

Jean-Vernet HENRY, Recteur
Président

12 février 2016

Rapport PAM

Le National
10 février, 2016

Haïti : le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire sévère a doublé en six mois à cause de la sécheresse et d’El Niño

Une troisième année consécutive de sécheresse, aggravée en 2015 par le phénomène météorologique mondial El Niño, a poussé de nombreuses personnes dans la pauvreté et a doublé le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire sévère, a déclaré le 9 février dernier (ndlr) le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM).

Près de 3,6 millions d’Haïtiens souffrent de la faim, dont 1,5 million est en situation d’insécurité alimentaire sévère. Ceci est l’une des principales conclusions d’une évaluation de la sécurité alimentaire d’urgence réalisée par le PAM, l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et la Coordination nationale de la sécurité alimentaire en Haïti (CNSA).

La principale récolte de 2015 est sous la moyenne, avec des pertes allant jusqu’à 70 % dans certaines régions. Cela est un coup sévère pour la sécurité alimentaire en Haïti, où l’agriculture emploie la moitié de la population active et où 75 % de la population vit avec moins de  deux dollars par jour.

« S’il ne pleut pas avant la récolte du printemps 2016, les agriculteurs perdront leur quatrième récolte consécutive, dont ils dépendent normalement pour nourrir leurs familles » a déclaré Wendy Bigham, Directrice adjointe du PAM en Haïti. « Nous devons les aider à couvrir leurs besoins immédiats  et à construire leur résilience »

Le phénomène actuel El Niño, qui a commencé au début de l’année 2015, est l’un des plus forts jamais enregistrés et affecte la sécurité alimentaire des populations vulnérables dans le monde entier.

Dans certaines régions d’Haïti, jusqu’à 70 % de la population est confrontée à la faim et une étude récente menée par l’UNICEF et le gouvernement a révélé que dans plusieurs communes, les taux de malnutrition sont au-dessus des seuils d’alerte.

Sur la base des résultats de ces nouvelles études, le PAM prévoit d’intensifier ses programmes d’assistance alimentaire afin de répondre aux besoins les plus critiques et immédiats de 1 million de personnes victimes de la sécheresse en distribuant des liquidités et des rations alimentaires.

Ces distributions immédiates seront complétées par des programmes d’« Argent contre Travail ». Ces derniers permettent à 200 000 personnes d’être payées en espèce en échange de leur travail sur des projets de gestion de l’eau ou de conservation de sol mis en place pour améliorer l’infrastructure locale et favoriser le développement à long terme. Le PAM a déjà mis en œuvre des projets d’« Argent contre Travail » pour plus de 30 000 personnes dans les zones les plus affectées par la sècheresse.

En coordination avec le gouvernement, le PAM a déjà distribué de la nourriture à 120 000 Haïtiens depuis novembre dans les zones les plus affectées par la sécheresse. Une ration de deux mois permet de nourrir une famille de  cinq personnes et comprend des aliments de base comme du riz, des légumineuses, de l’huile, du sucre et du sel.

De plus, le programme de cantines scolaires du PAM apporte une assistance cruciale à près de 500 000 enfants en leur assurant de pouvoir manger au moins un repas quotidien et en les encourageant à aller à l’école, parmi eux beaucoup se trouvent dans des régions affectées par la sécheresse. 

L’assistance du PAM aux familles est essentielle au moins jusqu’à la prochaine récolte, prévue pour juillet 2015. Pour répondre aux besoins de base d’un million d’Haïtiens, le PAM, qui est entièrement financé par des contributions volontaires, a besoin de lever 84 millions de dollars.

Source : PAM

http://lenational.ht/haiti-nombre-de-personnes-souffrant-dinsecurite-alimentaire-severe-a-double-six-mois-a-cause-de-secheresse-del-nino/

Grève à l'Université d'État d'Haïti

Crise à l’UEH- Grève du personnel

La crise s’amplifie à l’UEH, le rectorat dépassé par les événements

Rien ne va plus à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Après le dysfonctionnement de la plupart des facultés depuis trois semaines suite à la grève du personnel administratif, les locaux du rectorat ont été pris d’assaut par des étudiants. Visiblement dépassé par les événements, le rectorat appelle à l’intervention de la police et de la justice.
 Publié le 11 février 2016

Des sapeurs-pompiers tentent de limiter les dégâts à l'Université de Port-au-Prince

Barricades enflammées, jets de pierres, heurts entre étudiants et la police. Tel est le climat qui régnait à la ruelle Rivière, dans les parages du rectorat de l’EUH, au cours de la journée du jeudi.

Pour sa première conférence de presse depuis l’occupation des locaux du rectorat par des étudiants le vendredi 5 février, le recteur Jean Vernet Henry a dû accueillir les journalistes aux Editions de l’UEH à la ruelle Chériez. Les propos du recteur ne sont qu’un aveu d’impuissance face à cette situation au rectorat. « Il revient à la justice et à la police de libérer les locaux du rectorat », dit-il déplorant le laxisme des forces de l’ordre dans cette affaire en dépit des démarches de son administration. Avant de faire appel aux forces de l’ordre, Jean Vernet Henry dot avoir tout tenté. « Les étudiants ont refusé de dialoguer », dénonce-t-il.
En effet, depuis le vendredi 5 février, dans la matinée, un groupe d’étudiants ont accaparé les locaux du rectorat de l’UEH. La barrière cadenassée, ces étudiants ont placé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire certaines revendications liées à la réforme de l’institution.

Alors que les membres du rectorat rencontraient la presse, la situation se dégénérait à la ruelle Rivière. L’Université de Port-au-Prince (UP), voisine du rectorat de l’UEH, a payé le pot cassé des affrontements entre la police et des étudiants de l’UEH. Deux laboratoires d’informatique de l’UP ont été incendiés dans des circonstances non encore élucidées.

Entre-temps, une commission a été créée la semaine écoulée pour engager des pourparlers entre les différents protagonistes en vue de trouver une issue à la grève qui paralyse l’UEH depuis tantôt trois semaines. En ce qui concerne l’intégration du personnel administratif au sein du Conseil de l’université (CU), le rectorat informe, en attendant les modifications appropriées du corpus réglementaire en vigueur, que le syndicat sera intégré seulement à titre d’observateur. Quant à l’application de la grille salariale, le conseil dit n’avoir exprimé aucune objection. Le conseil dit s’engager résolument à solliciter des instances compétentes de l’État une augmentation substantielle du budget de l’UEH. « Toute augmentation du budget sera prioritairement utilisée pour satisfaire les revendications salariales du personnel administratif », peut-on lire dans une correspondance adressée au syndicat en date du 5 février 2016.

Mais sur la question relative aux conditions de travail, le rectorat prendra toutes les dispositions nécessaires afin d’intensifier les pourparlers auprès de la compagnie responsable de la couverture d’assurance. Aussi, le nombre d'autobus placés dans les facultés pour assurer le déplacement du personnel sera augmenté, a annoncé le rectorat.

Touché par les décisions du conseil de l’université via une correspondance en date du 5 février, le syndicat qualifie de « mascarades » ces différentes mesures. « Ce que le rectorat appelle « décisions » est loin de satisfaire nos revendications. Ils ne font que répéter les mêmes choses depuis deux ans. Ce n’est que du bluff. Le rectorat se moque de nous », fustige Margaret J. C. Lindor, présidente du syndicat du personnel.

En ce sens, la position du syndicat par rapport à la grève n’a pas changé d’un poil. « Nous maintenons la grève jusqu’à ce qu’ils répondent clairement à nos revendications », annonce madame Lindor, visiblement en colère. « Il n’y aura pas d’élections au rectorat sans la présence formelle du personnel administratif», a-t-elle averti.

Si le secrétaire général du rectorat, Wilson Dorlus, appelle le personnel à une prise de conscience et au sens des responsabilités, le recteur Vernet qualifie d’incorrects les comportements des membres du personnel.

@Lenouvelliste

AUTEUR

Worlgenson Noel gensonoel@gmail.com

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