15 novembre 2024

OUVRONS LES YEUX, C'EST UN COMPLOT



Le quartier de Vivy Michel est à feu et à sang. Les bandits y sont retournés semer le deuil et le chaos ce jeudi. Vivy Michel, c’est le quartier des nantis pratiquement. Ceux que l’on accuse, pour la plupart, d’être généralement à la base des horreurs, des maux du pays.


En ce moment, Solino est tombé, sa population et celles des zones limitrophes, Nazon, Christ Roi, vident les lieux, abandonnant tout. À Lalue, Bois-Verna, Turgeau, Canapé Vert et Débussy, ont est tous en alerte maximale prêts à décamper si possible avec des trousses contenant l’essentiel. 


Même les peuples en pleine guerre ne vivent ces horreurs auxquelles l’Haitien est soumis dans son propre pays mais aussi ailleurs, presque partout où il se trouve ces temps-ci. Sommes-nous un peuple maudit ? 


S’il est vrai que le Blanc-Colon est le principal artisan de ce chaos instauré dans le pays depuis je ne sais plus quand, nous sommes néanmoins ceux dont il se sert comme instrument pour l’implémenter. 


Aucun des chefs de gangs n’est un étranger, aucun des membres de ce pouvoir de transition n’est un étranger. Sinon certains membres du secteur privé des affaires qui ne sont là que pour s’enrichir sans aucune appartenance patriotique. Le dire est simple et vrai sinon que la vérité à ce point n’est qu’un mensonge subjectif qui se rapporterait à la question: reste-il encore en Haïti, une femme, un homme qui puisse aujourd’hui se dire patriote ? 


Dans ces temps de détresse absolue, on voudrait des patriotes, mais plus encore, des ultranationalistes et des chauvinistes qui nous conviendraient bien. Et après on aurait pu apaiser les nerfs et recadrer. Il est un fait: Haïti s’effondre. Elle se désintègre, elle s’implose. Et il y a une force puissante qui a créé cette situation, qui conduit à l’extermination de l’Haitien et de son histoire. 


Il importe de savoir pourquoi: Le principal acteur derrière la déstabilisation d’Haiti est la République dominicaine avec Luis Abinader en complicité bien sûr avec les États-Unis d’Amerique, le Canada et la France. 


Dans leurs négociations: l’administration politique dominicaine héritera de l’île entière pour élargir son territoire. Les Etats-Unis, la France et le Canada, profiteront des ressources du sous-sol. Les dernières décisions du gouvernement dominicain de refouler des milieux d’Haïtiens dans un très court terme entrent dans cette logique de renflouer les gangs armés qui travaillent principalement pour leur compte et celui de leur patron. Parce qu’ils sont ceux qui instaurent ce chaos chez nous. 


Voilà les faits, voilà le complot. Certains acteurs politiques internes et du privé sont briefés et ils sont montés dans le train. Seuls le peuple et certains autres peu fiables pour s’adhérer à un tel complot ne savent rien de ce qui se trame. 


Et l’Hatien continue de fuir sans comprendre et sans réfléchir, ou s’assimile simplement et naturellement aux gangs. Cette assimilation est également une stratégie bien simple: les populations qui ne peuvent plus fuir, sont obligées de cohabiter et de subir la loi des gangsters tel que cela se passe à Martissant, Fontamara, Village de Dieu, Carrefour, Croix-des-Bouquets, partout. Et donc, lorsque viendra le moment de mettre fin à tout ça, pris pour des gangsters elles aussi, ces populations seront exterminées avec eux. 


Au plus haut niveau, la Police et l’Armée et même les pantins de ce qu’ils appellent Mission multinationale d’Appui à sécurité, ont des instructions. Ils savent exactement les limites qui leur sont imposées dans la lutte contre les chefs de gangs. C’est pourquoi aucun d’eux n’est jamais atteint et même que les ambassades américaine et dominicaine les protègent. Et nous le savons. Il y a les policiers en bas de l’échelle et les petits gangsters qui sont envoyés à l’abattoir se battre et se tuer mutuellement. 


Il n’y a que trois solutions possibles à cette situation complexe: 1) On continue de fuir jusqu’à ce qu’ils nous atteignent, nous violent, nous torturent, nous massacrent,. 2) Nous restons passifs en attendant qu’ils arrivent pour nous embrigader et donc nous assimiler à leur mouvement, nous tuer aussi, c’est à leur guise de toutes façons. 3) Nous nous replions à mille, dix mille, vingt mille, deux cent mille… nous nous organisons, dans les mornes, dans les quartiers, dans les habitations, nous nous donnons les moyens, nous nous constituons une force redoutable pour avoir les armes qu’il faut en nous restituant la nuit du 14 août 1791 et rééditant la bataille de Vertières du 18 novembre 1803. 


Ils ont peur de nous. Et c’est pourquoi ils veulent nous détruire. Parce que nous sommes un grand peuple. Nous devons comprendre ça. J’en appelle à toutes les forces et à tous ceux qui croient encore que ce pays a un avenir. J’en appelle à l’esprit des héros de l’indépendance pour qu’ils nous guident et pour qu’ils nous aident à voir clair et à nous mettre ensemble dans une seule et même volonté pour nous sortir de cette menace d’anéantissement. 


Jackson Joseph

Pour une nouvelle génération d’hommes et femmes capables de faire naître la nouvelle Haïti 🇭🇹 !!! (14/11/24)

09 octobre 2024

Budget 2024-2025 : un budget précaire, péremptoire au détriment du plus grand nombre


Le budget 2024-2025 devrait viser à identifier et à mobiliser les fonds nécessaires afin d'affronter de manière efficace la détérioration continue de la situation économique, financière, sociale, sécuritaire et humanitaire qui dévaste le pays. Toutefois, en l'absence d'un Parlement et d'une institution de contrôle qui a probablement été prévue par l'Accord du 3 avril 2024 sans être mise en place, ce ne serait qu'une source d'enrichissement pour une minorité de corrompus, au détriment de la grande majorité de la population qui est séquestrée par les gangs armés et politiques.

Avec une augmentation de 25,7 % par rapport au budget précédent, ce budget de 2024-2025 s'élève à 323,44 milliards de gourdes pour environ 14 millions d'habitants (moins de 200 dollars par tête d'habitant par an). Au Trésor de la République, le coût d'un conseiller présidentiel est un fardeau. Un membre du CPT reçoit chaque mois 25 millions de gourdes, ce qui équivaut à environ 2 000 000 dollars américains par an, soit 10 000 fois plus qu'un citoyen ordinaire, en se basant sur les propos de Smith Augustin, membre du CPT. Donc, seulement les dépenses pour neuf personnes représentent environ 1% du budget national (pour environ 14 millions d'habitants). C’est ce qu'on peut qualifier de fossé abyssal.

Cet état de fait met en évidence un profond décalage entre la population et ses prétendues autorités politiques, qui, en réalité, sont des insignifiants par rapport aux véritables problèmes, qu'il s'agisse de l'insécurité généralisée ou de l'instabilité politique.

La capacité de crédit du système financier est limitée à 122 milliards de gourdes, tandis que les pertes économiques directes de février 2024 à date s'élèvent à plus de 200 milliards de gourdes. Cela explique la complaisance absurde du gouvernement à l'égard des problèmes essentiels des petites et moyennes entreprises et des familles haïtiennes en situation économique précaire. À mesure que la pression fiscale diminue, le pouvoir d'achat de la population est réduit à sa forme la plus simple, ce qui fait l'affaire des oligarques, toujours au détriment de la grande majorité qui vit dans la pauvreté. Il n'y a aucune action visant à réparer les maisons endommagées ou à réinvestir les ménages modestes victimes des violences de gangs récemment. N’en parlons même pas de la (re)capitalisation des MPME.

En fin de compte, le pays est dirigé par une classe politique insouciante qui, par ignorance ou par manque de volonté, ne persiste que dans la corruption et le désordre organisé. Le rapport de l'ULCC sur le scandale des 100 millions de gourdes en est une preuve flagrante. Ainsi, les postes dans la fonction publique sont réservés aux plus offrants. De plus, cette classe politique est soutenue par la communauté internationale depuis plus de 30 ans, sans l'intention d'atteindre les résultats nécessaires dans l'intérêt du peuple haïtien.

Les perspectives économiques, sociales et politiques du pays sont plus incertaines que jamais. L'exode massif des Haïtiens vers les États-Unis d’Amérique et la République dominicaine accentue davantage la situation humanitaire et le problème de l'insécurité. Les acteurs politiques ne manifestent aucune volonté d'organiser la vie sociale dans le pays.

Il est de la responsabilité des victimes, des entrepreneurs patriotes, de la diaspora haïtienne consciente, de la jeunesse dotée de bon sens, de la classe ouvrière et de la classe paysanne de s'engager pour transformer cette situation délétère en un mieux-être collectif.



Mike-Colson Dimitry JEAN

Entrepreneur social

Secrétaire général de la Ligue des Entrepreneurs Organisés d'Haïti - LEPOH

22 avril 2024

Formation d'un nouveau Gouvernement : une fédération d'organisations prévient les membres du CPT


La Ligue des Organisations de la Jeunesse Impliquée et Communautaires (LOJIC) qui regroupe diverses organisations socio-politiques et communautaires lance un vibrant appel aux membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). En effet, cette structure qui se réclame comme l’un des porte-étendards du mouvement populaire haïtien ces dernières années prévient le CPT sur ce qui devrait constituer le socle de la gouvernance du pays : l’inclusion. S’adressant aux conseillers présidentiels qui auront la lourde tâche de prendre les rênes du pays jusqu’au 7 février 2026, la Ligue souligne à l’encre forte la nécessité d’inclure les couches populaires, les jeunes dans les grandes décisions politiques du pays.

De ce fait, des organisations sociales et communautaires issues de la matrice populaire demandent à tous les acteurs concernés, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en particulier de prendre des mesures afin de créer au sein du prochain gouvernement :

- Un Ministère délégué aux Organisations Sociales ;

- Une Secrétairerie d’État aux Organisations Sociales.


La création de ces entités témoignera de la volonté et de la bonne foi du CPT et du Gouvernement de prendre en compte les revendications des classes populaires, estime cette fédération d’organisations. Les structures regroupées au sein de la LOJIC croient dur comme fer que l’implication des leaders communautaires, des organisations de femmes, des associations paysannes dans la gestion de la « res publica » représente l’un des leviers sur lequel pourrait s’appuyer les décideurs publics pour arriver à une gouvernance apaisée.


Trop longtemps écartées des initiatives visant à mettre en place des politiques publiques, les catégories populaires demeurent les grands perdants. Une situation qui ne cesse de générer des tensions au sein de ces quartiers qui font face à un manque cruel de services sociaux de base. En outre, il est un fait que l’autorité de l’État doit être restaurée. Pour ce faire, il résulte de solutions conjuguées de tous les secteurs de la vie nationale.


La marginalisation des organisations communautaires de base constituera la mise à l’écart d’une catégorie considérable de la société. Cet état de fait conduira sans nul doute à envenimer la situation chaotique. L’appel lancé par la LOJIC s’inscrit dans la logique d’éviter les mêmes erreurs du passé. Face à l’acuité des problèmes sociaux, seules des mesures inclusives pourront aider à aplanir des sentiers, à apaiser les tensions. L’heure est à la concorde. Et la responsabilité doit être partagée entre toutes les filles et tous les fils de la patrie commune, croit la LOJIC.


Vu la représentativité de la jeunesse dans le pays, vu l’importance de la masse paysanne, vu le rôle politique prépondérant joué par ces couches, il est légitime qu’ils soient représentés au timon des affaires publiques. En dehors de toute considération politique, la création de ces organismes dédiés essentiellement à la cause des couches populaires laisse présager la construction d’un avenir meilleur pour la jeunesse haïtienne.


LIRE HAÏTI 509,

lirehaiti509@gmail.com

Avril 2024

24 janvier 2024

La borlette : de simple loterie populaire vers un phénomène imposant



Jouée par toutes catégories de personnes, cette forme de loterie se pratique depuis des décennies dans le pays au point de parvenir au seuil d'une activité à grandes échelles économique et culturelle. La borlette, aujourd’hui, est partout en Ayiti. Jeu très populaire, subterfuge, en plus d'être un phénomène sociétal, c'est aussi un centre de grands intérêts…

Considérée comme l'une des activités les plus populaires en Ayiti, la borlette s'est implantée dans l’imaginaire collectif. La pratique de cette loterie va même au-delà des attentes. Si d'une part, certains hésitent encore à ne pas s'adonner au jeu pour de multiples raisons, d'autre part, nombreux sont ceux qui voient les choses différemment et préfèrent même faire leurs mises à partir de rêves, de boules chance ; en fait ils jouent après avoir rêvé et de là, espèrent.

Pour sa pérennisation et de fait sa structure, des institutions, des acteurs interviennent à ce marché. C’est le cas pour la Loterie de l'État haïtien, en tant qu'institution, qui intervient pour réguler, fixer les balises, encadrer les jeux de loterie qui sont pratiqués sur le territoire national.
Ayant un regard soutenu sur la borlette-jeu de hasard ayant de multiples tentacules- ces
dernières années la loterie de l’État haïtien, se donne pour obligation de consentir des efforts majeurs afin d’empêcher la commission d'un ensemble d'infractions qui sont dans le viseur de certaines organisations transnationales. À cet effet, l’institution entend continuer d'œuvrer pour la bonne marche de la loterie et permettre aux gens d'être plus en confiance tout en leur évitant bon nombre de désagréments.

Aujourd’hui en Ayiti, la borlette s’est fait une place considérable dans le train-train de plusieurs millions de gens, c'est même une ligne incontournable pour plus d'un. Des plus démunis aux plus capables, ce jeu ne cesse d'attirer l'attention et du coup, de conquérir des cœurs. Certains amateurs arrivent même à témoigner de tout ce dont ils arrivent à réaliser en ne jouant que tout simplement à la loterie. Les plus chanceux, comme ils se surnomment, gagnent parfois des sommes vertigineuses, montants qu'ils n'auraient sûrement jamais acquis même en
économisant plusieurs années de salaire.
En dépit des différentes crises auxquelles le pays fait face depuis plusieurs années, et qui ont de graves conséquences sur le plan économique sur les communautés, jusqu’à ralentir certaines activités dans leur élan, la loterie populaire d'Ayiti ne cesse de faire des disciples. Bien au contraire, les mises multiplient, les rêves peut-être, n'en discutons pas à propos d’espoir.

Bien qu'il faille peser le pour et le contre du jeu, d'ailleurs tout naturellement c'est la loi de la vie, il semble qu'à bien des égards la borlette sort victorieuse sur de nombreux terrains. Qu'il soit la lutte contre le chômage en employant plus de personnes ou de permettre à davantage de gens de prendre de l’essor à partir de leurs gains, la borlette se révèle comme étant un atout de grande envergure, surtout à ceux qui savent oser dans la vie ; certains diront ceux qui partent de rien ou de peu, sortent pleins jusqu’aux as, grâce à une loto.
En tout cas, la loterie reste avant tout un jeu, un jeu de hasard. Un choix, peut-on dire. Une
boule chance obtenue à partir d'un rêve ou d'un simple exercice de probabilité, ça reste un jeu au sens littéral du terme. Il revient par ailleurs de comprendre mais aussi de ne point nier tout ce qui rentre en ligne de compte en étant acteurs, amateurs ou simples observateurs de borlette dans le pays. Socialement ou économiquement la borlette a son pesant d'or, encore elle représente déjà mieux sur le plan culturel.
La simplicité du jeu se comprend en effet, comme on peut le projeter, comme un court processus entamé par quelqu'un qui se présente à une boutique et achète du pain. À la différence du tirage qui n'est pas connu d'avance, ce qui fait d'ailleurs la beauté du jeu. Mais une fois le nombre joué est dans le tirage, les autres étapes ne sont que du vent. Pas de démarches difficiles ou de labyrinthe à défier pour jouer une boule à laquelle on a préalablement réfléchie, ce n'est qu'une affaire de temps et de choix de là où on veut faire sa fiche.

Une fois au bout du tunnel, il n'est que d’attendre et d’espérer. Avec un peu de chance de son côté, c'est probablement la seule façon de se coucher sans pourtant avoir un sous dans la poche et se réveiller avec une fiche ou un reçu qui prouve qu'on a des milliers voire des millions de gourdes à récupérer. C'est le hasard, mais qui a un prix quand même.
C’est une démarche qui va si loin au point que selon ce que disent les gens, ce qui est
carrément un secret de polichinelle, pour gagner à la loterie des gens vont chez des prêtes vaudou -les hougans, mambos- au prix de sacrifices pour acheter leurs boules chance. Des conditions s'imposent, à ce que les rumeurs disent. Certains vont de préférence prier les Saints, après des heures voire des jours de jeûne, ils sont confiants qu'ils auront leur boules chances.
Il est un constat clair, même s'il ne faut pas le généraliser, l'argent gagné à la borlette semble retourner d'où il provient. Très souvent, le gagnant d'une loto, à force de rejouer en espérant gagner plus dépense son gain et même plus. Sans omettre les autres dépenses presqu'inutiles soit pour le plaisir démesuré et autres. En tout cas, plus d'un dit qu’on n'a pas cette culture d’investir. On préfère le plus souvent dépenser.

Dans le couloir de la chance, on a pour boussole l'espoir de gagner, d’être celui ou celle qui a dans sa pochette le nombre qui fera le gros lot au plus proche tirage. Avec cet espoir ou cette croyance, on vit et supporte la pauvreté, on rêve que cela change pour soi et pour sa famille, mais il n'est que d’attendre.
Au tirage, si on est gagnant on sourit. Si on perd, on est déçu, parfois on a le regret, n'empêche qu’aux prochaines heures on se présente chez le même vendeur pour acheter ses nombres.

C'est un cercle vicieux, plus on est dedans, moins on n'a la chance de s’en détacher.
Cette loterie populaire d'Ayiti cache bien des secrets qui, peut-être, ne seront jamais dévoilés au grand jour, c'est devenu un phénomène sociétal qui, de surcroît, dépasse l'imagination de ceux-là même qui gagnent leur vie dans le secteur. La borlette, entre simple jeu de hasard et facteur de chance, est peut-être à des années lumière de ce qu’on voit et comprend du phénomène, dans le pays.


Yves Junior BAPTISTE, travailleur social
yvesjuniorbaptiste@gmail.com


03 janvier 2024

LA LUMIÈRE VIENT DU SUD-EST


Avec la prédominance du patriarcat de par le monde et dans la société haïtienne, les droits des femmes sont systématiquement bafoués. Force est de constater que même leurs droits les plus basiques ne sont pas respectés. Du coup, la scolarisation des filles représente un défi majeur auquel fait face aujourd’hui encore le système éducatif haïtien. Bien que ce temps ne soit pas totalement révolu, certaines femmes ont tout de même réussi à se tailler une place au sein de l’intelligentsia haïtienne.

Installée rectrice de l’Université Publique du Sud-Est / Jacmel (UPSEJ) le 21 décembre 2023, Magdala Jean-Baptiste a dû, d’une part, repousser toutes les limites imposées aux femmes haïtiennes, d’autre part elle a également brisé les barrières dressées par un ordre politique rétif au progrès, à l’émancipation des femmes. Avec son mandat de quatre ans, la nouvelle rectrice aura la charge de redresser la barre d’une université en proie à des problèmes de divers ordres.

Après avoir décroché sa licence en sciences de l’éducation à l’Université Quisqueya, Madame Jean-Baptiste a poursuivi ses études et réalisé des stages de perfectionnement dans des universités nord-américaines et françaises. Elle a aussi été vice-rectrice de l’Université Publique des Nippes.


Cette prise de fonction peut être perçue comme une victoire sous une triple dimension :

- Primo, c’est la victoire de la femme paysanne à qui on colle généralement une étiquette femme inculte, épistémophobe. C’est la victoire des Lea Kokoye.

- Secundo, c’est le résultat du travail acharné et du dévouement sans faille. Originaire de Brésilienne*, Magdala devait emprunter près de quarante (40) kilomètres à pieds à la quête du pain de l’instruction pendant de longues années chez les Sœurs Saint-Paul à La Vallée de Jacmel. Cette abnégation l’a amenée jusqu’à décrocher son doctorat (Ph. D) dans la gestion des systèmes éducatifs à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées en Haïti (ISTEAH).

- Tercio, comme le veut la tradition politique de chez nous, pour occuper une fonction aussi prestigieuse, on devrait avoir la bénédiction d’acteurs politiques. Cette situation est davantage accrue dans les régions. Advienne que pourra, Docteur Jean-Baptiste n’a de redevance envers aucun politicien du Sud-Est en ce sens qu’elle n’avait pas besoin de leur support et/ou approbation pour prendre la tête de l’UPSEJ.


Magdala Jean-Baptiste rentre dans l’histoire nationale comme la première femme à avoir occupé la fonction de rectrice d'une université publique. Elle a ainsi déjoué tous les pronostics, et a redoré l’image de la femme haïtienne trop longtemps réduite à sa plus simple expression.


En indiquant la voie aux petites filles, aux fils de paysans, à toutes celles et tous ceux d’origine modeste, Magdala Jean-Baptiste tient le flambeau qui éclaire le chemin vers de nouveaux horizons visant à guider une jeunesse sans repère.



*Brésilienne est la première section communale de Bainet, située à près de 20 kilomètres de la commune de La Vallée de Jacmel.



Ourdy DESSOURCES,

odessources@yahoo.com

LIRE HAÏTI, 03 janvier 2024

OUVRONS LES YEUX, C'EST UN COMPLOT

Le quartier de Vivy Michel est à feu et à sang. Les bandits y sont retournés semer le deuil et le chaos ce jeudi. Vivy Michel, c’est le quar...