Le budget 2024-2025 devrait viser à identifier et à mobiliser les fonds nécessaires afin d'affronter de manière efficace la détérioration continue de la situation économique, financière, sociale, sécuritaire et humanitaire qui dévaste le pays. Toutefois, en l'absence d'un Parlement et d'une institution de contrôle qui a probablement été prévue par l'Accord du 3 avril 2024 sans être mise en place, ce ne serait qu'une source d'enrichissement pour une minorité de corrompus, au détriment de la grande majorité de la population qui est séquestrée par les gangs armés et politiques.
Avec une augmentation de 25,7 % par rapport au budget précédent, ce budget de 2024-2025 s'élève à 323,44 milliards de gourdes pour environ 14 millions d'habitants (moins de 200 dollars par tête d'habitant par an). Au Trésor de la République, le coût d'un conseiller présidentiel est un fardeau. Un membre du CPT reçoit chaque mois 25 millions de gourdes, ce qui équivaut à environ 2 000 000 dollars américains par an, soit 10 000 fois plus qu'un citoyen ordinaire, en se basant sur les propos de Smith Augustin, membre du CPT. Donc, seulement les dépenses pour neuf personnes représentent environ 1% du budget national (pour environ 14 millions d'habitants). C’est ce qu'on peut qualifier de fossé abyssal.
Cet état de fait met en évidence un profond décalage entre la population et ses prétendues autorités politiques, qui, en réalité, sont des insignifiants par rapport aux véritables problèmes, qu'il s'agisse de l'insécurité généralisée ou de l'instabilité politique.
La capacité de crédit du système financier est limitée à 122 milliards de gourdes, tandis que les pertes économiques directes de février 2024 à date s'élèvent à plus de 200 milliards de gourdes. Cela explique la complaisance absurde du gouvernement à l'égard des problèmes essentiels des petites et moyennes entreprises et des familles haïtiennes en situation économique précaire. À mesure que la pression fiscale diminue, le pouvoir d'achat de la population est réduit à sa forme la plus simple, ce qui fait l'affaire des oligarques, toujours au détriment de la grande majorité qui vit dans la pauvreté. Il n'y a aucune action visant à réparer les maisons endommagées ou à réinvestir les ménages modestes victimes des violences de gangs récemment. N’en parlons même pas de la (re)capitalisation des MPME.
En fin de compte, le pays est dirigé par une classe politique insouciante qui, par ignorance ou par manque de volonté, ne persiste que dans la corruption et le désordre organisé. Le rapport de l'ULCC sur le scandale des 100 millions de gourdes en est une preuve flagrante. Ainsi, les postes dans la fonction publique sont réservés aux plus offrants. De plus, cette classe politique est soutenue par la communauté internationale depuis plus de 30 ans, sans l'intention d'atteindre les résultats nécessaires dans l'intérêt du peuple haïtien.
Les perspectives économiques, sociales et politiques du pays sont plus incertaines que jamais. L'exode massif des Haïtiens vers les États-Unis d’Amérique et la République dominicaine accentue davantage la situation humanitaire et le problème de l'insécurité. Les acteurs politiques ne manifestent aucune volonté d'organiser la vie sociale dans le pays.
Il est de la responsabilité des victimes, des entrepreneurs patriotes, de la diaspora haïtienne consciente, de la jeunesse dotée de bon sens, de la classe ouvrière et de la classe paysanne de s'engager pour transformer cette situation délétère en un mieux-être collectif.
Mike-Colson Dimitry JEAN
Entrepreneur social
Secrétaire général de la Ligue des Entrepreneurs Organisés d'Haïti - LEPOH
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