TOUTE UNE POPULATION SUR LE DOS D'UNE SEULE INFIRMIÈRE
Un autre pan de la crise haïtienne déroule sur silence pendant que nos vies en dépendent. Des gens qui s'éteignent à petit feux sans le sentir à cause du sang.
Pendant que la demande en sang tend vers la hausse, l'offre lui va en sens contraire. Une seule infirmière pour toute une population pendant que le niveau de risque de victime par balle et d'accident de toutes sortes tend à augmenter.
Dans la soirée du 3 octobre, j'ai eu froid dans le dos en apprenant sur un groupe WhatsApp que la mère et la sœur d'un camarade viennent d'être victimes par balle, sous les feux de deux individus circulant à bord d'une moto. À l'HUEH (Hôpital de l'Université d'État d'Haïti), après une série de tractations pour trouver un médecin sur recommandation grâce à un autre camarade du groupe; très tôt dans la matinée du 4, on lance une alerte sur le groupe pour une demande en sang… Rapidement je me porte volontaire et en prenant soin de faire des disciples pour cette même cause.
Je me suis rendu sur les lieux aux environs de 10h AM, pour un trajet assez pénible (on connaît la situation), en pensant que j'y serais pour moins d'une heure, mais j'ai quitté les locaux de la Croix-Rouge aux environs de 5h40mn PM, quand j'avais finalement terminé le processus de ce don de sang parmi quatre d'entre nous sur environ une douzaine du côté seulement de mes camarades, problèmes de qualification pour d'autres mais manque de temps pour la plupart.
Pendant ce temps, il n'y avait qu'une seule infirmière, pour assurer le service au complet. En passant par la sélection (une espèce d'interview), contrôle des signes vitaux, préparation du matériel adéquat, prise de sang, transport des pochettes vers le seul technicien laboratoire pour finir la partie peut-être la plus délicat du processus. Sans oublier, elle (l'infirmière) fait également office de réceptionniste pour répondre incessamment les donneurs ou parents qui ont tous des revendications chacun plus exigeants que les autres.
Pendant que les familles des malades gémissent, pleurent pour certains… on peut entendre certains disent qu'ils marchent depuis 4, 5 jours et même plus pour trouver une pochette pour son proche qui nécessite une intervention en toute urgence. Une sœur protestante (donneuse) s'impatientait d'aller se reposer puisque le soir précédant elle faisait son 6 pour 6 (veille de nuit)…
Comment peut-on laisser passer sous silence un tel problème de sang par qui nous sommes tous concernés et que notre existence biologique en dépend? Serions-nous dans un processus de saper toutes les bases soutenant l'existence humaine dans ce coin de terre? Sans aucune autre forme de procès, je vous laisse le soin de méditer par vous-même.
Frantz BRIZARD
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