15 octobre 2019

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR JOVENEL MOÏSE

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR JOVENEL MOÏSE
Par Ourdy DESSOURCES


Port-au-Prince, mardi 15 octobre 2019

Monsieur Jovenel Moïse, avec vous au gouvernail, on est mal barrés.

D'entrée de jeu, permettez-moi de vous rappeler que, durant les 32 mois de votre mandat comme président de la république, pas moins de trois journalistes ont été assassinés et jusqu'aujourd'hui rien n'est fait pour rendre justice à leurs proches, l'économie est en lambeau : en témoignent le taux d'inflation qui s'accroît à un rythme vertigineux et la flambée des prix des produits de première nécessité. Vous avez pourtant promis "lajan nan pòch ak manje nan asyèt tout ayisyen" une fois accédé à la présidence. La prolifération des gangs armés à travers le pays ne cesse d'endeuiller les familles haïtiennes sous les yeux impuissants et parfois complices des agents de la Police Nationale d'Haïti (PNH).
En outre, plus 30.000 jeunes, en quête d'un mieux-être, ont dû fuire le pays.
Les cas de corruption d'État généralisée s'étalent au grand jour.

Vous avez identifié la corruption comme étant le principal virus qui entrave au développement d'Haïti et du coup vous aviez demandé à tous ceux qui sont impliqués et soupçonnés dans le détournement, le vol, le gaspillage, le blanchiment des biens de l'État de se mettre disponibles à la justice haïtienne. Bien que vous ayez avoué, en France, avoir nommé une cinquantaine de magistrats corrompus au sein de ce même appareil judiciaire. S'agissant de PetroCaribe, d'après deux rapports du Sénat haïtien, confirmés par un autre rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) - qui est le plus grand tribunal administratif du pays - vous vous êtes empêtré dans de graves scandales de corruption.

Wilson Laleau, votre ancien chef de cabinet a dû, selon les dires, laisser le pays afin d'échapper à la justice après avoir été épinglé lui aussi dans des scandales de corruption.
Viennent s'ajouter à tout cela des massacres dans des quartiers populaires dans lesquels sont indexés jusqu'au cou des hauts cadres de l'administration que vous dirigez et aussi membres importants de votre parti politique, le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et des organismes de droits humains locaux, dont la Fondation Je Klere et le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).
Les agissements de votre épouse dans le dossier Dermalog ne sauraient passer sous silence.

Monsieur Jovenel Moïse, il est clair que la solution à la crise conjoncturelle que connaît le pays passera inévitablement par votre démission.
Tous les secteurs de la vie nationale s'accordent à réclamer votre démission qui ouvrira la voie pour un dialogue franc entre haïtiens. C'est la voie par laquelle se dessinera un nouveau système qui priorisera l'ÊTRE HAÏTIEN, qui lui permettra de s'accomplir pleinement et entièrement.
Oui, même les "indécis", la majorité dite silencieuse sortent de leur mutisme pour exiger que vous tirez la révérence afin d'assumer les conséquences de vos inconséquences comme chef d'État qui n'a respecté aucune de ses innombrables promesses envers la population pendant les 22 mois de campagne électorale comme vous le dites souvent.
Peut-on se demander quel secteur vital de la société soutient encore votre "accrochage" au poste de président de la république.
On ne peut pas accepter que le premier d'entre nous soit accusé dans la dilapidation des deniers publics s'élevant à des milliards de dollars américains. On n'acceptera pas que la magistrature suprême de la première république noire du monde soit davantage souillée par un incompétent, un usurpateur, un maudit menteur corrompu et corrupteur.

Monsieur Jovenel Moïse, épargnez-nous du danger qui se profile à l'horizon : celui que préconisent d'ailleurs les bénéficiaires des gabegies de votre gouvernance et vos partisans zélés : le chaos généralisé, une guerre fratricide.

Sachez que, monsieur Jovenel Moïse, plus on est méprisés, plus on aspire à la violence, à la vengeance.
Cette jeunesse insoumise que vous avez négligée depuis votre accession à la tête de l'État ne baissera pas les bras. Tant mieux! Sa volonté de chambarder ce système est inébranlable. Elle sait qu'il est du devoir de chaque citoyen de demander des comptes à ceux qui sont au timon des affaires publiques, à ceux-là qui gèrent la "res publica".
À ses demandes de compte, vous et/ou votre entourage immédiat avez fait appel à des mercenaires étrangers afin d'éliminer physiquement vos opposants politiques et tous ceux qui oseraient lever le petit doigt.

Monsieur Jovenel Moïse, il ne vous reste qu'à signer votre lettre de démission, d'autant que la population haïtienne dans sa diversité a révoqué votre mandat lors ses déferlements dans les rues des principales villes du pays depuis plus d'un mois.
Contrairement à celles et ceux qui pensent que vous ne pouvez pas être utile, je pense que vous pouvez servir la nation une dernière fois. Ayez la grandeur d'apposer patriotiquement votre signature à votre lettre de démission, partez sans casse et mettez-vous à la disposition de la justice de votre pays.
Il faut savoir quitter le pouvoir lorsque la confiance est desservie.
Apprenez à avaler votre fierté mal placée, elle ne contient pas de poison, car aujourd'hui vous êtes l'ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1 de l'État que vous prétendez diriger.

Ourdy DESSOURCES,

Citoyen haïtien.

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