01 avril 2020

De deux maux, on choisit toujours le moindre, l'haitien aussi

Depuis plusieurs semaines, le monde entier fait face à la crise sanitaire sans précédent du Coronavirus.
À ce jour, plus de 860 000 personnes ont été infectées par le nouveau Coronavirus [Covid-19] et on dépasse le nombre de 42 000 décès dans le monde.

Diagnostiqué pour la première fois en décembre 2019 à Wuhan (dans la province de Hubei en Chine), ce virus de la grippe aurait trouvé sa source dans le pangolin [petit mammifère retrouvé notamment en Afrique et en Asie avec le corps recouvert presqu'entièrement d'écailles, très prisé pour sa chair].
Comme une traînée de poudre, le Coronavirus a très vite répandu dans le monde en touchant 179 pays de tous les continents. Ce qui a permis à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de qualifier cette grippe de pandémie.

HAÏTI ENTRE DANS LA DANSE
Dans une adresse à la nation en date du 19 mars 2020, le président de la république, Jovenel Moïse, a annoncé officiellement que les deux premiers cas de contamination au Coronavirus viennent d'être confirmés par le laboratoire national. S'agissait-il d'un citoyen belge entré dans le pays en provenance d'Europe qui est le propriétaire d'un orphelinat à Saint-Michel de l'Attalaye (commune du département de l'Artibonite) et d'un haïtien revenant de Paris.

Pour être l'un des derniers pays de la zone [Amérique centrale et Caraïbes] à être touché par le Covid-19, Haïti, par le biais de ses dirigeants, pourrait limiter au maximum les dégâts que pourraient provoquer ce virus dans le pays en adoptant des mesures drastiques comme l'ont fait d'ailleurs d'autres responsables politiques avisés comme le chef d'État du Salvador, Nayib Bukele qui a déclaré la mise en quarantaine de son pays en constatant la marche rapide du virus.

PAYS LOCK : LES DEUX FACES DE LA MÉDAILLE
Il est un fait clair que les troubles politiques de septembre à décembre 2019 [appelés couramment pays lock] ayant paralysé le fonctionnement habituel du pays ont contribué au ralentissement de ce qu'il reste de l'économie du pays, cependant n'était-ce pas l'avènement de ce phénomène politique, le pays ferait face à une montée considérable de la propagation de ce virus, en tenant compte surtout de l'incapacité des nos dirigeants et de notre système de santé défaillant, moribond pour ne pas dire inexistant.
Ajouter à cela la folle passion du régime PHTK qu'est le carnaval, le pays se regorgerait d'haïtiens venus de la diaspora et des touristes étrangers. Le tableau serait sombre.

PRÉVENIR VAUT TOUJOURS MIEUX QUE GUÉRIR
Venues trop tard dans un monde trop vieux, les mesures prises par le pouvoir PHTK en vue d'éviter la propagation du virus ne disent rien à la population haïtienne délaissée, livrée à elle-même depuis trop longtemps.
Malgré le grand danger que représente cette maladie, malgré l'annonce de couvre-feu et d'autres mesures coercitives des autorités visant à forcer les haïtiens à rester chez eux ou limiter leurs déplacements, malgré le challenge #ResterÀLaMaison lancé à travers le monde et qui donne des résultats plutôt satisfaisants, tous les discours et dispositions des autorités ne sont que du beurre. La faute à qui? Le déficit de crédibilité de ces gens qui nous dirigent explique en partie cet état de fait, la précarité économique peut être évoqué également en vue de comprendre cette attitude des haïtiens qui se retrouvent face à un dilemme : rester chez soi pendant quelques semaines ou continuer le cours normal et habituel de ses activités.

GOUVERNER PAR DÉFAUT
En frappant à nos portes, le Covid-19 oblige les autorités haïtiennes à faire comme tout le monde : publier un arrêté décrétant l'état d'urgence sanitaire sur toute l'étendue du territoire accompagné d'un couvre-feu, demander aux gens d'appliquer les mesures d'hygiène de base. C'est la forme classique. Réduire ses déplacements au strict nécessaire ou rester chez soi sont d'autres moyens utilisés par des politiques de par le monde pour réduire le plus que possible la propagation du virus de la grippe. Par contre, avec une économie basée sur l'informel dans laquelle la population vit au jour le jour, comment ces dirigeants pensent-ils qu'ils vont réussir le confinement tant souhaité en Haïti? En analysant la situation, le sociologue Fritz Dorvilier a, de façon laconique, expliqué le comportement de l'haïtien face à cette pandémie et les mesures prises au plus niveau de l'État. "Vaut mieux mourir d'une maladie au lieu de mourir de la faim à la maison", dit-il avec éloquence. Il est un fait que le message des autorités constituées n'a aucun effet sur la population, on peut se demander à juste titre comment va-t-on endiguer ce fléau qui a mis à nu les meilleurs systèmes de santé au monde? À cet effet, on peut citer le cas de l'Italie qui passe désormais le cap de 12.000 décès, l'Espagne qui compte près de 9.000 morts et les États-Unis d'Amérique avec plus de 186.000 cas de contamination et plus 4.000 pertes en vie humaine, tout ça en moins de trois mois.

VIVOTER AU JOUR LE JOUR
Alors que le Covid-19 ne fait pas de pitié et multiplie ses victimes dans les coins et recoins de la terre, les haïtiens, tout au moins, le bas-peuple continue de vaquer à ses activités. Explique cet état de fait l'organisation de rara le week-end écoulé à Marigot (commune du département du Sud-est).
Entre rester crevés à la maison et exposer sa vie à un danger imminent, le parti pris est clair. D'autant qu'une bonne partie de cette population continue de nier l'existence de la maladie sur le sol national.

Étant donné qu'il n'y a pas de subterfuge pour éviter la mort, considérant aussi qu'on est dans une société où les vies ne tiennent qu'à un fil, malgré le fait que culturellement l'haïtien a peur de la mort, entre ces deux maux que représentent le Coronavirus et mourir de faim chez soi, l'haïtien a choisi le moindre, croit-il.


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