08 août 2025

LE JUSTICIER RUDY MAINTIENDRA LA FLAMME ALLUMER

Le fiel déversé sur Rudy Thomas SANON, les menaces ouvertes sur sa vie et la perte de ses commanditaires sont autant d'éléments de son triomphe absolu, comme on a pu le dire de Messi à la fin de la finale Argentine-France de la Coupe du monde de football, le 18 décembre 2022. Triomphe total, en effet, aux dépens de celles et ceux qui, en 2010, avaient porté à la tête de l'État la corruption absolue, s'encanaillant des ordures parolières d'un président kleptomane pour dépecer le pays d'Haïti. Et plusieurs petits complices s'en étaient donné à cœur-joie. Mais dans cette ripaille, le peuple souffrant, par son mépris, signifiait son aversion et son dédain au pouvoir en place qui se goinfrait. 


Deux catégories de personnes critiquent le langage de Rudy.

Des gens honorables, sensibles au sens des mots, sincèrement contrariés par le vocabulaire grossier d'un homme qu'ils aiment bien et qu'ils voudraient voir adoucir son langage tout en maintenant sa radicalité sociale et politique. Ces Haïtiens méritent le respect parce qu'ils ne confondent pas le produit et l'étiquette, bien qu'ils souhaitent clairement que celle-ci soit aussi de qualité. Ensuite, les pharisiens qui prétextent de ce langage grossier pour faire semblant d'oublier qu'ils se sont eux-mêmes abreuvés d'un langage ordurier, au vu de leurs intérêts mesquins, digne du Palais National. Surtout, contempteurs, ils tentent pathétiquement d'étouffer les cris patriotiques de Se Sa Nou Vle pour la moralisation de la vie politique. Pauvres d'eux, 

Ils accusent Rudy délibérément du contraire de ce qu'il est intégralement: un justicier, dans le sens de celui qui aime la justice. En cela, ils symbolisent paradoxalement le triomphe de Rudy. Ses dénonciations sans fard ont largement atteint leur but: troubler la quiétude de la connivence dont s'enrobe la malfaisance généralisée qui gangrène beaucoup des hommes et femmes d'État du pays, mais aussi de larges secteurs de la classe des affaires. On ne faisait même pas semblant d'être estomaqué par la corruption, par le désœuvrement de la jeunesse, le dénument absolu des quartiers, la vénalité de certaines corporations , l'insoutenable insignifiance de l'État. Certaines figures politiques en mordent leur pouce aujourd'hui. Rudy revendique sa part de haute et juste responsabilité dans cette débâcle du clan de la malfaisance.


Comme on pouvait malheureusement s'y attendre, les tenants et les suiveurs du système peze-souse, celles et ceux qui trouvent normale la pauvreté absolue du peuple haïtien, s'acharnent contre lui, le qualifiant, haut et fort, de tous les maux, comme s'ils voulaient se convaincre de ce que leurs mensonges proclamés pouvaient se transformer en vérités.


Une fatwa est donc lancée contre Rudy. Je connaîs mon sang. Il fera front. En revanche, je ne suis pas certain que le CPT y trouvera lieu d'intervenir. Heureusement, dans cette tourmente glorieuse, des spécialistes de la sécurité indépendants offriront leur solidarité au justicier.


Quant à l'argent des commanditaires, j'imagine qu'il avait du poids dans le budget de Team Rudy. Mais qui pourra menacer de mort les centaines de compatriotes de partout, la majorité des citoyens engagés, qui, par leurs petits pécules, manifestent déjà leur volonté de participer au maintien de la flamme allumée?


Patrice Dumont

7 août 2025

01 août 2025

Rudy Sanon, bayakou médiatique ou conscience dérangeante ?


Rudy Sanon, bayakou médiatique ou conscience dérangeante ?


Il y a des voix qui ne cherchent pas à plaire. Des voix rauques, chargées de boue, de colère, de fiel. Rudy Sanon est de celles-là. Sur les réseaux sociaux, il fait un tabac. Et ce n’est pas à cause d’un look travaillé ou d’un humour léger. Non. Rudy, lui, crache des mots comme des pierres dans les vitres sales de cette République en décomposition. Il ne caresse pas. Il frappe. Il ne fait pas dans la nuance, mais dans la vérité brute, insupportable pour ceux qui préfèrent les parfums de salon aux relents d’égout qui sortent du Palais National, de la Villa d’accueil et des ministères.

Ce qu’il dit choque ? Tant mieux. Parce que ce qu’il dénonce pue. Rudy Sanon agite une boue nauséabonde. C’est comme dans ma nouvelle oú Sonson Pipirit rencontre ce bayakou qui se donne pour mission de vider une fosse pleine de politiciens excrémentiels. Mais plus le bayakou curait la fosse, plus il y avait d’excréments à l’intérieur. Et l’odeur bien sûr n’est pas agréable. Mais pour nettoyer, il faut avoir le courage de supporter cette odeur.

Et à ce jeu-là, il faut une narine solide, un estomac blindé. Rudy Sanon ne fait qu’agiter la merde. Celle qui déborde des ministères, des directions générales, des commissariats, des tribunaux, des chambres de commerce, et jusqu’aux salons poudrés des influenceurs. Une faune de délinquants en cravate et de pervers en tailleur, qui a transformé l’État en dépotoir à ambitions malsaines. Et pendant ce temps, la Presse, cette prétendue conscience de la nation, se vautre dans la compromission, troque ses principes contre quelques miettes de pouvoir, de notoriété ou de cash. Elle se tait quand il faut hurler, et s’indigne quand on lui montre son vrai visage dans le miroir.

On accuse Sanon de vulgarité. Mais dans un pays où l’on viole, où l’on brûle vif, où l’on abat des mères sous les yeux de leurs enfants, que vaut encore la bienséance ? Dans une société où les bandits siègent à la même table que les ministres et les présidents, où la bourgeoisie regarde ailleurs, souriante, pendant que la plèbe crève dans les camps, la seule obscénité qui vaille est le silence complice. Rudy, lui, crie. Il lance à la figure des puissants ce « plòt krache » de Manno Charlemagne, vomi de révolte, écume de colère. Et cela dérange, parce qu’il dit tout haut ce que même la peur n’arrive plus à faire taire chez les plus lucides. Oui, ce pays a besoin de million de bayakou pour curer une fosse qui déborde trop.


Gary Victor

17 janvier 2025

Haïti/Rosny Smarth : le départ d'un grand homme d'État


Haïti/Rosny Smarth : le départ d'un grand homme d'État

Par Sauveur Pierre Etienne*


Né le 19 octobre 1940, d’une famille petite-bourgeoise, à Cavaillon, commune du département du Sud, Rosny Smarth fait ses études primaires dans la ville des Cayes, avant de s’établir à Port-au-Prince pour y poursuivre l’étape du secondaire. Il aura comme professeur d’histoire Michel Hector/Jean-Jacques Doubout, ancien Secrétaire général du Parti Populaire de Libération Nationale (PPLN) et futur membre du Comité central du Parti Unifié des Communistes Haïtiens (PUCH). Ses études secondaires une fois terminées, Rosny se retrouvera au Chili en 1962 afin d’entreprendre des études d’agronomie à l’Université catholique de Santiago du Chili. Son diplôme d’Ingénieur-agronome en main, Rosny Smarth y exercera sa profession. Influencé par l’humanisme socialiste des années 1960-1970, il mettra ses compétences professionnelles au service du gouvernement socialiste du Dr Salvador Allende dans le cadre de sa politique de réforme agraire et de développement agricole.


Une semaine avant le coup d’État du général Augusto Pinochet contre le gouvernement démocratiquement élu du président Allende, le 11 septembre 1973, Rosny Smarth et ses parents proches se retrouveront à New York, au chevet de leur tendre mère qui décédait des suites d’un cancer. Ainsi, Rosny et Luc échapperont de justesse à la répression du régime putschiste. Après son séjour d’une année aux États-Unis, Rosny rejoindra son frère cadet Luc Smarth au Mexique en 1974. Avec Luc Smarth, il y retrouvera Michel Hector, Gérard Pierre-Charles, Suzy Castor, Guy Duval et tant d’autres compatriotes haïtiens cultivant l’humanisme socialiste et luttant contre le régime néosultaniste duvaliérien. Neanmoins, la lutte politique n’affectera point la carrière professionnelle de Rosny Smarth. En témoigne le poste qu’il occupera au Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) jusqu’à son retour en Haïti à la chute de la dictature des Duvalier (le 7 février 1986).


De retour en Haïti en 1987, comme tout sudiste qui se respecte, Rosny fonctionne à cheval sur Port-au-Prince et Cavaillon, où il continuera d’exercer sa profession d’Ingénieur-agronome, tout en participant, avec Michel Hector, Gérard Pierre-Charles, Suzy Castor et d’autres camarades beaucoup plus jeunes, aux activités de réflexion sur le Que faire et comment le faire qu’implique obligatoirement l’Après-Duvalier. Il me vient, entre autres, à l’esprit l’image du camarade Rosny assis aux côtés de son frère aîné William et de son frère cadet Luc (Loulou) participant à une rencontre tenue à la Fondation Ulrick Joly (première impasse Lavaud), en 1987, à laquelle prenaient part Gérard Pierre-Charles, Marc Romulus, Michel Hector, Suzy Castor, Gabriel Jean-Baptiste, Jean Hector Anacacis, Sauveur Pierre Étienne, etc. Je croiserai les frères Smarth dans d’autre rencontres au Centre de Recherche et de Formation Économique Sociale pour le Développement (CRESFED). Ainsi seront jetées, méthodiques, les bases de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL).


Rosny était certes un homme politique. Mais il convient de reconnaître, dans une perspective wébérienne, que la politique constituait pour lui une passion et non une profession. En d’autres termes, il vivait « pour la politique » et non « de la politique ». Dans cette optique, la politique constituait pour lui une activité secondaire. Aussi, à son retour d’exil, fondera-t-il, avec d’autres collègues, le Centre de Recherches Sociales et de Diffusion populaire (CRESDIP) en 1988, tout en prêtant ses services éclairés au ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR). Respecté par ses pairs, il y jouera un rôle important jusqu’à sa désignation au poste de Premier ministre en 1996.


D’une rare simplicité joviale, d’une intégrité proverbiale, que l’on retrouve chez tous les Smarth, beaucoup de gens pensaient que Rosny n’avait pas sa place dans la faune politique haïtienne des années post-duvaliériennes. Membre fondateur de l’OPL - parti politique disposant d’une majorité relative au Sénat et à la Chambre des députés- il deviendra, à son corps défendant et même à l’encontre de l’avis de parents proches et amis, Premier ministre le 20 février 1996. Dans ma position privilégiée de conseiller politique, avec Michel Hector, j’ai vécu de très près, pendant trois mois, les pressions politiques et les coups bas du secteur Lavalas dont il fut l’objet. Convaincu que l’on ne pouvait rien réaliser de positif avec Lavalas en termes de renforcement institutionnel et de développement économique et social, suite à des divergences de vue dans notre collaboration avec cette nébuleuse violente, corrompue jusqu’à la moelle et liée au trafic de la drogue, j’ai démissionné du Cabinet particulier du Premier ministre Rosny Smarth, tout en m’éloignant de la politique active durant mes deux années d’études (1996-1998) à la Faculté latino-américaine de sciences sociales (FLACSO-Mexico).


En mon absence d’Haïti, le Premier ministre Rosny Smarth et l’équipe restante ont fait de leur mieux pour sauver ce qui pouvait l’être encore. Il résista courageusement à la violence des bandes armées lavalassiennes. Moyennant le soutien fidèle des députés de l’OPL de la 46e Législature, il sortit victorieux de la guérilla parlementaire de Fanmi Lalavalas qui échoua piteusement dans sa tentative de lui infliger un vote de censure au mois de mai 1997. Quoiqu’il en soit, il considérera l’incendie de la bibliothèque L’Amicale, près du Lycée Alexandre Pétion, et du tribunal de paix, près du Lycée Toussaint Louverture, par des hordes lavalassiennes comme des actes de barbarie. Ce qui le porte à démissionner le 9 juin 1997, à la grande surprise des parlementaires de l’OPL. Face au cynisme du président René Préval qui entendait le maintenir en place comme Premier ministre démissionnaire chargé de liquider les affaires courantes de l’État jusqu’à la fin de son mandat en 2001, Rosny Smarth prit la décision de quitter définitivement la Primature le 20 octobre 1997.


Fait insolite, c’est l’unique fois, dans l’histoire politique post-duvaliérienne, qu’un Premier ministre, disposant d’une majorité au niveau des deux Chambres du Parlement, quitte volontairement ses fonctions afin d’éviter au pays la furie des bandes armées lavalassiennnes.


Voilà l’homme !!!


À l’annonce de son décès, le 15 janvier 2025, les Haïtiennes et les Haïtiens, tant de l’intérieur que de la diaspora, s’inclinent respectueusement pour saluer le départ d’un GRAND SERVITEUR DE L’ÉTAT , unique en son genre, ayant fait de l’honnêteté l’une de ses vertus cardinales. L’ancien Premier ministre Rosny Smarth symbolisait la cristallisation de l’intégrité. Il était l’expression la plus achevée de la rectitude morale et intellectuelle, du respect du principe de la séparation du domaine privé du domaine public. La corruption dans l’administration publique, étant un phénomène de société en Haïti, après sa déclaration de patrimoine en 1997, un fonctionnaire de l’État déclara : « Comment un ancien Premier ministre peut-il être aussi stupide : il laissait le pouvoir les poches vides ». J’ai l’impression qu’il voulait dire avec les mains propres, immaculées, à l’image de celles de Saint-Juste. S’exprimant de la sorte, il ignorait que sa déclaration confirmait la probité, l’honnêteté et l’intégrité de Rosny Smarth -fierté de ses parents proches, de même que ses compagnons de lutte, amis et du pays. En un mot, la fierté et l’espoir du peuple haïtien espérant, même contre toute espérance, que ses dirigeants cesseront un jour de se constituer en un corps de voleurs et de bandits faisant d’Haïti le parangon de la kleptocratie.


En rendant l’hommage requis à l’immense patriote, à l’homme d’État, au compagnon de lutte, à l’ami-frère que fut Rosny Smarth, je me devais de rendre justice à cette nature d’élite exceptionnelle dont nous pleurons toutes et tous le départ. La postérité se souviendra de lui comme l’un des géants ayant tracé la voie du SAUVETAGE NATIONAL passant obligatoirement par la lutte systématique contre l’insécurité généralisée, l’impunité, la contrebande et la corruption endémique : condition sine qua non de l’émergence d’une Haïti accédant enfin au progrès, à la modernité.


À Marie Molin, Céline, Gérard, William, Luc, ses sœurs et frères, j’adresse mes condoléances émues qui s’étendent aux parents proches, amis et compagnons de lutte de l’immortel Rosny Smarth.


Dors en paix, Rosny ! ¡Adiós compañero !


*Politologue

LE JUSTICIER RUDY MAINTIENDRA LA FLAMME ALLUMER

Le fiel déversé sur Rudy Thomas SANON, les menaces ouvertes sur sa vie et la perte de ses commanditaires sont autant d'éléments de son t...